Antonin DVORAK
Symphonie en mi mineur No 9, B. 178, op. 95
Orchestre national de la Radiodiffusion française
Constantin SILVESTRI
12 mars 1959, Théâtre des Champs-Élysées
Une courte présentation de l'oeuvre citée d'un texte de Tolia NIKIPROWETZKY - compositeur et ethno-musicologue français d'origine russe - publié au verso de la pochette du disque HMV ASDF 151:
"[...] La renommée de Dvorak devint rapidement internationale. Il fut appelé à diriger ses oeuvres dans la plupart des pays européens, et même dans la lointaine Amérique. Dans ce dernier pays, il noua de profondes amitiés, et l’on fit bientôt pression sur lui pour qu’il consentit à s’y fixer. Cédant enfin aux instances de ses amis, Dvorak accepta, en 1892, le poste de Directeur du Conservatoire de New-York, poste qu’il devait occuper pendant quatre ans. Ce séjour, loin de sa patrie bien-aimée - s'il fut heureux tout d’abord - devint bientôt pesant su musicien, qui ne pouvait se convoler de son exil. Son travail créateur, cependant, ne connut pas d'interruption durant toute cette période.
La plus importante des compositions que Dvorak écrivit - alors qu'il était encore tout joyeux de se trouver au contact de cet univers inconnu - fut la Symphonie en mi mineur op. 95, achevée en 1893, l’année qui suivit son installation à New-York.
Son instinct profond, qui le portait à s'intéresser d’emblée à l’art populaire, le fit s’enthousiasmer pour les chants et les danses des noirs d’Amérique. Mais ce serait une erreur de croire que Dvorak fit de véritables emprunts au folklore américain pour sa symphonie. II s’en est d’ailieurs expliqué à maintes reprises. Il a tout au plus procédé comme avec le folklore de son paya natal, s'imprégnant des chants et des rythmes des nègres américains, mais nous donnant, à partir de ce point de départ, une création originale. On cite même, à cet égard, un fait assez curieux: un des élèves de Dvorak, W.A. Fischer, eut l’idée de transcrire pour un ensemble vocal la magnifique mélodie que chante le cor anglais dans le «largo» de la Symphonie du Nouveau Monde. Sous cette forme, cette mélodie devint si populaire aux Etats-Unis que certains critiques la considérèrent comme un authentique chant de folklore, inséré par Dvorak dans son oeuvre. Quel plus bel hommage, pour un créateur, que de voir le peuple dont il s'est inspiré adopter immédiatement sa pensée, et en user si vite, comme si elle faisait partie intégrante de son propre fonds?
La Symphonie du Nouveau Monde comprend quatre mouvements qui, dans l’ensemble, correspondent à des moules traditionnels, mais où l’abondance des motifs donne souvent au discours un caractère rapsodique. Cependant, certains de ses motifs passent d’un mouvement à l’autre, et confèrent à l'oeuvre une solide unité.
Le premier mourement, Allegro molto, est précédé d’une introduction lente, Adagio, d’une grande noblesse. Ce premier mouvement correspond, dans ses grandes lignes, à un allegro de sonate. Bien que ne donnant pas lieu à un travail très poussé, ses thèmes sont d’une telle richesse mélodique que leurs vertus expressives suffisent à soutenir l’élan de cette page particulièrement inspirée.
Le deuxième mouvement, Largo, est sans doute le plus beau passage de la partition. Après une courte introduction, le cor anglais chante une ample mélodie, d’une poétique nostalgie. Après une partie centrale plus animée, ce thème, précédé d'un rappel du premier mouvement, est réexposé avec quelques variantes.
Le troisième mouvement, Scherzo molto vivace - après les rythmes bondissants et anguleux de sa première partie - comporte une partie centrale (trio) qui semble se souvenir des rythmes du pays natal du compositeur. Le retour de la partie principale du scherzo est précédée du rappel des deux thèmes principaux du premier mouvement.
Le quatrième mouvement, Allegro con fuoco, débute par un thème de caractère impérieux, exposé par les cuivres. Ce thème, amplement développé, va s’opposer à un dessin d’allure chantante confié à la clarinette, et qui s’épanouira aux cordes. Ces deux thèmes vont fournir la matière principale du morceau, à laquelle contribueront également des rappels des thèmes essentiels des autres mouvements. La symphonie s’achève dans l'apothéose du thème initial de l'Allegro con fuoco. [...]" citation extraite du texte de Tolia NIKIPROWETZKY publié au verso de la pochette du disque HMV ASDF 151.
L'interprétation qui vous est proposée sur cette page provient d'un concert donné le 12 mars 1959 - ou le 19 février 1959? [*] -, dans le cadre du 25e anniversaire de l'Orchestre National. Au programme de ce concert dirigé par Constantin SILVESTRI:
- Antonin Dvorak, Symphonie No 9
- Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto en fa majeur KV 459, avec Clara Haskil
- Claude Debussy, Prélude à l’après-midi d’un faune
- Maurice Ravel, Le Boléro
(*) La date du 12 mars 1959 a été indiquée lors de la rediffusion de ce concert. Selon certaines sources - en particulier diverses discographies de Clara Haskil - le concert aurait eu lieu près d'un mois plus tôt, le 19 février 1959. Grâce aux archives du journal Le Temps, j'ai pu vérifier que ce concert a certes été diffusé sur France III le 12 mars 1959 (Ref.: La Gazette de Lausanne, 12 mars 1959, page 3, rubrique «Ce qu'il faut savoir / Les programmes de la radio») , le programme n'indique toutefois pas si c'était une diffusion en direct, ou en différé. Il reste donc une certaine incertitude, étant fort possible que la date donnée lors de la rediffusion soit celle de la première diffusion (12 mars 1959), et non du concert lui-même (19 février 1959): si une personne visitant cette page devait en savoir plus, toutes informations m'intéressent -> Vos remarques!
Pour le disque et avec le même orchestre, Constantin Silvestri a enregistré cette symphonie de Dvorak à deux reprises:
- deux ans auparavant, sessions des 10 au 12 juillet, 9 au 12 septembre et 16 septembre 1957 dans la salle Wagram, paru en mono sur le disque HMV FALP 459 (Engineer: Gamsohn). Cet enregistrement a obtenu le Grand Prix du Disque.
- un peu plus de 7 mois plus tard, sessions des 20 au 23 octobre 1959, également dans la salle Wagram, paru en stéréo sur le disque HMV ASDF 151 (Engineer: Gamsohn).
Ces informations proviennent de la discographie de Michael Gray.
L'enregistrement de concert proposé ici a également été fait en stéréo, mais une stéréo du début, pas très marquée, et dont la qualité varie pendant le concert.
J'ai raccourci les pauses entre les mouvements, en les "nettoyant" considérablement, ne trouvant les toux et raclements de gorge très prononcés pas attrayants du tout... Mais il faut reconnaître que le public s'est au moins efforcé de ne pas trop tousser en-dehors des pauses...
Voici donc...
Antonin Dvorak, Symphonie en mi mineur No 9, B. 178, op. 95, Orchestre national de la Radiodiffusion française, Constantin Silvestri, 12 mars 1959, Théâtre des Champs-Élysées
1. Adagio - Allegro di molto 08:21
2. Largo 11:16
3. Scherzo. Molto vivace 07:02
4. Allegro con fuoco 10:39
que vous pouvez obtenir en...
pour un téléchargement libre, depuis mon site
Radiodiffusion (Archives RTF resp. INA) -> WAV -> FLAC
4 fichiers FLAC, 2 fichiers CUE (*) et 1 fichier PDF dans 1 fichier ZIP
(*) 1 fichier CUE pour les fichiers décomprimés en WAV et 1 fichier CUE pour les fichiers comprimés FLAC, si votre logiciel peut utiliser directement les fichiers FLAC.
Les interprétations de cette oeuvre actuellement disponibles dans mes pages:
- Otto ACKERMANN, Tonhalle-Orchester Zürich, MMS-36
- Sergiu CELIBIDACHE, Orchestra Sinfonica Nazionale (di Torino) della RAI, 05.01.1962 25 janvier 2013
- Ferenc FRICSAY, Koelner Rundfunk-Sinfonie-Orchester (l'actuel WDR Sinfonieorchester Koeln), 1 juin 1953
- Rafael KUBELIK, Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, 23.11.1961, Herkules-Saal, Muenchner Residenz
- Hans SCHMIDT-ISSERSTEDT, Orchestre Symphonique de la «Nordwestdeutscher Rundfunk», 19 mai 1953, Hamburg
- Hans SCHMIDT-ISSERSTEDT, NDR Sinfonieorchester, 11 septembre 1957, Montreux
- Wilhelm SCHÜCHTER, Nordwestdeutsche Philharmonie, 23.05.1956, Bielefeld, Rudolf-Oetker-Halle, HMV XLP 20014
- Constantin SILVESTRI, Orchestre national de la Radiodiffusion française, 12 mars 1959, Théâtre des Champs-Élysées
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