Le portrait de Bernhard Paumgartner illustrant l'en-tête de cette rubrique est extrait d'une photo des archives du Festival de Salzburg, photographe Ellinger, voir cette page de la galerie de photos du site dédié à Bernhard Paumgartner.
Alessandro SCARLATTI
Su le sponde del Tebro
Cantata profana a voce sola con violini e tromba
Teresa STICH-RANDALL, soprano
Helmut WOBISCH, trompette, Ernst REICHERT, clavecin
Camerata Academica des Salzburger Mozarteums
Bernhard PAUMGARTNER
27.08.1952, Felsenreitschule, Salzburg
Archiv Produktion APM 14 024
Au XVIIIe siècle la cantate était généralement perçue comme le défi suprême au génie artistique du compositeur. "[...] Avec plus de six cents cantates recensées, pour lesquelles sa paternité est à peu près certaine, et une bonne centaine d’autres, d’origines plus douteuses, qui lui sont attribuées, Scarlatti [...] s’établit certainement, et de loin, comme le compositeur de cantates le plus prolifique de son temps.
La majorité de ses cantates sont pour voix seule, habituellement avec un continuo pour tout accompagnement. Cependant, les courants de l’époque tendirent sans cesse à l’ajout d’accompagnements instrumentaux et une soixantaine de cantates de Scarlatti font appel à des instruments supplémentaires. Ordinairement, ce fond instrumental échoit aux cordes, mais Scarlatti requiert parfois des flûtes à bec ou des trompettes.[...]"
«Su le sponde del Tebro» raconte l'histoire d'une Cloris, fausse et indifférente, et de la douleur de son amant Aminta qu'elle a trahi. C'est une des cantates les plus connues d'Alessandro Scarlati, par sa qualité musicale et la profondeur de ses sentiments. Elle n'est en fait guère différente d'une scène d'un opéra. L'oeuvre "[...] recèle une partie particulièrement exigeante pour trompette obbligato, dans une tessiture élevée, ce qui semblerait indiquer qu’il y avait alors un excellent instrumentiste, doté de la remarquable résistance exigée par les arias qui accompagnent la voix soprano. L’histoire est celle d’un amour non partagé, classiquement désespéré, tandis que la forme reprend l’habituelle alternance d’arias et de récitatifs, préfacée par une courte sinfonia. Les arias avec trompettes sont constantes dans leurs sentiments et «Dite almeno» présente une courageuse (et en partie réussie) tentative de rendre la basse contrainte intéressante. Mais ce sont les dissonances de l’aria «Infelici miei lumi», délicatement merveilleuse, qui dévoilent le meilleur de Scarlatti.[...]" Les citations sont extraites d'un texte de Robert King rédigé en 1996 pour Hyperion.
Le Tibre, qui coule à Rome, étant mentionné dans le titre, on peut supposer que cette oeuvre a été composée dans cette ville, au début des années 1690 (Reine Dahlqvist).
Les textes et leur traduction en français: traductions de Jacqueline & Alain Duc, citées de cette page de l'excellent site livretsbaroques.fr (clicquer sur les flèches ou sur les titres pour voir les textes)
Récitatif «Su le sponde del Tebro»
Su le sponde del Tebro
Ove le Dee latine
Fecero à gl’Archi lor corde del crine,
Colà Aminta il fido da Clori
Vilipeso con dolore infinito
Disse al ciel’ disse al mondo, io son tradito!
Sur les rives du Tibre,
Là où les déesses latines
Firent de leurs cheveux des cordes pour les arcs,
Le fidèle Amyntas,
Bafoué par Cloris,
Avec une infinie douleur,
Disait au ciel, disait au monde:
Je suis trahi !
Arie «Contentatevi, o fidi pensieri»
Arie «Contentatevi, o fidi pensieri»
Contentatevi, o fidi pensieri,
Tratenervi per guardie al mio core.
Che gl’affanni giganti guerrieri dan’ l’assalto,
Et è duce il dolore.
Ô fidèles pensées, contentez-vous
De rester pour défendre mon coeur,
Car les chagrins, guerriers géants,
Donnent l’assaut, et la douleur les conduit.
Récitatif «Mesto, stanco, e spirante dal duol' che l'opprimea»
Mesto, stanco, e spirante dal duol’ che l’opprimea,
Rivolto a gl’occhi suoi, così dicea:
Triste, las, expirant
Sous le poids de la douleur qui l’accablait,
S'adressant à ses yeux, il leur parlait ainsi:
Arie «Infelici miei lumi»
Infelici miei lumi,
Già che soli noi stiamo,
Aprite il varco al pianto,
E concedete al core,
Che tramandi su gl’occhi
Il mio dolore.
Ah, malheureuses paupières,
Maintenant que nous sommes seuls,
Ouvrez la vanne aux larmes
Et laissez le coeur faire passer
Ma douleur vers les yeux.
Arie «Dite almeno, astri crudeli»
Dite almeno, astri crudeli,
Quando mai vi offese il petto,
Chi ricetto voi lo fate di dolore?
E già martire d’amore
Nelle lagrime fedeli
A sperar solo è costretto.
Dites au moins, astres cruels,
Quand mon sein vous a donc offensés
Pour que vous fassiez de lui
Le refuge de la douleur.
Il est déjà martyr de l’amour,
Dans ses larmes fidèles,
Réduit à la seule espérance.
Récitatif «All' aura, al cielo, ai venti»
All’ aura, al cielo, ai venti
Pastorello gentil così parlava,
E pur l’aura crudel fido adorava;
Ma, conoscendo alfine, che nè pianti,
Nè preghi sapevano addolcire un cordi sasso
Risoluto e costante
Così disse al suo cor schernito amante:
Aux airs, au ciel, aux vents,
Ainsi parlait un aimable berger;
Et pourtant, fidèle, il adorait la brise cruelle;
Mais comprenant à la fin
Que ni larmes, ni prières
Ne pouvaient adoucir un coeur de pierre,
Résolu et constant,
Il parla ainsi à son coeur, amant dédaigné:
Arie «Tralascia pur di piangere, povero afflitto cor»
Tralascia pur di piangere, povero afflitto cor
Che sprezzato dal tuo fato
Non ti resta che compiangere
D’un infida il suo rigor.
Cesse donc de pleurer,
Pauvre coeur affligé:
Méprisé par ton destin,
Tu n’as plus qu’à déplorer
La dureté d’une infidèle.
Ces traductions en français sont de Jacqueline & Alain Duc, citées de cette page de l'excellent site livretsbaroques.fr.
Dans l'interprétation que je vous en propose sur cette page, les solistes sont Teresa STICH-RANDALL, soprano, et Helmut WOBISCH, trompette, ils sont accompagnés par Ernst REICHERT, clavecin, et la Camerata Academica du Mozarteum de Salzburg, Bernhard PAUMGARTNER dirige le tout.
À noter qu'il s'agit du 2e enregistrement de cette oeuvre sous sa direction: Bernhard Paumgartner avait enregistré cette cantate une première fois l'année précédente avec l'Orchestra della Associazione Alessandro Scarlatti di Napoli et Teresa Stich-Randall, paru - selon cette page du site consacré à Bernhard Paumgartner, ainsi que cette page du site doremi.com - sur le disque Colosseum CLPS 1035 (avec le récitatif et rondo Mia speranza adorata...Ah non sai, KV 416, et la Marche No 2, KV 335 de Mozart sur l'autre face).
Ce second enregistrement paraît sur 78 tours - DG AVM 8404/5S - et sur 33 tours - Archiv Produktion APM 14 024, Das italienische Settecento: Serie B, Der neapolitanische Stilkreis und Serie D, Solo- und Triosonate (disque utilisé pour cette restauration). Sur l'autre face se trouvent la "Lezione quinta" des "Lessons for the Viola d'Amour" de Attilio Ariosti - avec Emil Seiler, Johannes Koch, Walter Gerwig et Karl-Egon Glückselig - et la sonate No. 12 de l'opus 5 d'Arcangelo Corelli, "La Follia" - avec Ulrich Grehling, August Wenzinger et Fritz Neumeyer.
Voici donc...
Alessandro Scarlatti, Su le sponde del Tebro, Cantata profana a voce sola con violini e tromba, Teresa Stich-Randall, soprano, Helmut Wobisch, trompette, Ernst Reichert, clavecin, Camerata Academica des Salzburger Mozarteums, Bernhard Paumgartner, 27.08.1952, Felsenreitschule, Salzburg, Archiv Produktion APM 14 024, Das italienische Settecento: Serie B. Der neapolitanische Stilkreis und Serie D. Solo- und Triosonate
(01. Sinfonia 01:31, 02. Recitativo «Su le sponde del Tebro» 01:39, 03. Sinfonia - Aria «Contentatevi» 03:31, 04. Recitativo «Mesto, stanco», Aria «Infelici miei lumi» 06:01, 05. Aria «Dite almeno, astri crudeli» 03:00, 06. Recitativo «All'aura, al cielo, ai venti» 01:32, 07. Aria «Tralascia pur di piangere» 01:41)
que vous pouvez obtenir en...
pour un téléchargement libre, depuis mon site
Archiv Produktion APM 14 024 -> WAV -> léger à moyen DeClick avec ClickRepair (l'excellent logiciel de Brian Davies), des réparations manuelles -> FLAC
7 fichiers FLAC, 2 fichiers CUE (*) et 1 fichier PDF dans 1 fichier ZIP
(*) 1 fichier CUE pour les fichiers décomprimés en WAV et 1 fichier CUE pour les fichiers comprimés FLAC, si votre logiciel peut utiliser directement les fichiers FLAC.
Teresa Stich-Randall, lieu ??, date ??
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Teresa Stich-Randall, lieu ??, date ??
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