Peter Wackernagel: "[...] Tandis que la concentration du travail contrapuntique constituait le caractère essentiel du premier mouvement du premier Concerto la musique du quatrième Concerto en sol majeur (BWV 1049) s'élargit considérablement. Ainsi, le mouvement initial qui, dans le premier Concerto comptait 87 mesures en a ici 427. Le thème principal seul en prend 83. Le premier mouvement du 4e Concerto peut avec raison, être qualifié de concertant (Bach a lui-même transcrit le 4e brandebourgeois sous la forme d'un Concerto de piano). Les instruments solistes sont un violon et deux flûtes à bec, celle-ci conférant à la sonorité de l'ouvrage un aimable caractère pastoral. Que l'oeuvre tout entière soit traitée selon des principes formels extrêmement stricts va naturellement de soi quand il s'agit d'un maître tel que J. S. Bach.
C'est une jouissance profonde de suivre dans le détail le déroulement du processus musical. Le violon solo se produit tout d'abord seul dans une série d'arpèges et de gammes relativement «innocentes». Viennent ensuite les flûtes, et le champ sonore s'étend toujours davantage. Le violon répète son solo - car, dans ce morceau, les reprises ne manquent pas. Il est alors secondé par les instruments à cordes traités en canon. Le retour du thème - qui réapparaît cinq fois en tout - est prétexte à d'intéressantes variantes. Une de ses rentrées est marquée par une bruissante intervention des violons de l'orchestre qui semblent un moment donner la chasse à l'habile soliste. L'harmonie oscille de majeur à mineur, pour revenir de nouveau à majeur la sonorité demeure toujours aérée et lumineuse. Sous le rapport de la grâce, ce premier mouvement du Concerto en sol n'a d'équivalent dans aucun des autres brandebourgeois.
Le second mouvement, Andante, est une méditation émue, dont l'expression s'intensifie dans l'épisode en mineur, en évitant toutefois le ton de la gravité. Bach utilise dans ce morceau l'effet d'écho si apprécié dans la musique à l'époque baroque: l'orchestre propose une phrase que le concertino répète ensuite. Dans le cours du développement, l'orchestre et le soliste sont de plus en plus mêlés l'un à l'autre. La conclusion, sur une cadence de flûte et deux accords fortement scandés laisse pressentir l'approche de quelque chose de grandiose.
En effet, le dernier mouvement est un morceau plein d'une énergie inouïe, comme si Bach «voulait rattraper quelque chose de manqué». Considéré au point de vue formel, ce Presto est une combinaison de style concertant et de style fugué. Il est remarquable de constater comment ces deux principes, apparemment opposés l'un à l'autre, non seulement ne se gênent nullement, mais au contraire s'enrichissent réciproquement ici. Le thème, énergique, est d'une force expressive telle que seul Bach pouvait en créer un. Par la suite, les instruments font échange réciproque de fonctions. Un moment, les uns sont traités contrapuntiquement, les autres de manière concertante, puis les rôles sont inversés. Les parties qui sont indépendantes des thèmes paraissent essentiellement destinées à la mise en valeur des épisodes principaux. L'oeuvre conclut par une brillante Coda s'achevant sur un point d'orgue. [...]"
Voici donc...
Johann Sebastian Bach, Konzert Nr. 4 G-Dur, BWV 1049 für Violine, 2 Blockflöten, Streicher und Basso continuo, Walter Kägi, Violine, Gustav Scheck, 1. Blockflöte, Valerie Kägi, 2. Blockflöte, Konzertgruppe der Schola Cantorum Basiliensis, August Wenzinger, Basel, Blauer Saal vom Justiz-Department, 13.07.1952 (1. Allegro 07:45, 2. Andante 04:01, 3. Presto 05:12)
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