Robert SCHUMANN
Symphonie No 4 en ré mineur, op. 120
Orchestre national de la Radiodiffusion française
Georg SOLTI, 25 juin 1960
Chronologiquement cette quatrième symphonie est en fait sa deuxième: une première version est composée entre mai et septembre 1841, dans la foulée de la première symphonie; le thème principal, exposé dans le premier mouvement et repris dans le dernier, fa-mi-ré-do dièse-ré, correspond à l'anagramme CLARA, transposé une quinte plus basse: c'est un hommage à sa jeune épouse pour son anniversaire du 13 septembre 1841. Après la première audition à Leipzig, le 6 décembre 1841, l'oeuvre lui déplut toutefois tellement, qu’il la mit de côté. Ce n'est qu'en 1851 - donc après avoir composé ses symphonies No 2 (1845) et No 3 (1850) - qu'il va profondément remanier l'orchestration de sa composition de 1841, qui reçut ainsi le titre "trompeur" de Quatrième Symphonie et un numéro d’opus élevé, 120.
Son titre original de «Sinfonische Fantasie für großes Orchester» - sous lequel l'oeuvre avait été jouée le 6 décembre 1841 à Leipzig par l'orchestre du Gewandhaus sous la direction de son premier violon, Ferdinand David - manifestait déjà l'intention de Schumann de faire éclater le cadre symphonique traditionnel: "[...] les mouvements, en effet, s'enchaînent sans interruption, et les thèmes circulent à travers eux; c'est déjà la mise en oeuvre du principe cyclique cher à César Franck et à ses disciples. A la vérité, un thème principal en forme d'arabesque, qui paraît avoir obsédé longtemps l'esprit du musicien, soude les parties extrêmes (exposé au tout début, il cuminera dans le finale). Les autres figures thématiques paraissent également d'un bout à l'autre de la partition, - fixant fermement l'attention de l'auditeur. [...]"
La première audition de la version définitive eut lieu à Düsseldorf le 3 mars 1853, dans la «Geislerschen Saal» sous la direction du compositeur.
Une courte description de l'oeuvre:
Dans le premier mouvement "[...] le motif de l'introduction à 3/4, en ré mineur, [...] paraîtra en majeur dans la Romance, et déterminera entièrement la structure du Scherzo. Le thème principal anime tout l'Allegro construit dans la forme sonate (premier et second sujets, - ce dernier passant au relatif de fa majeur, ainsi que les nombreux motifs secondaires qui en dépendent): en une oscillation permanente, il est d'un dessin volontaire et hardi, empli d'une vie intense. La conclusion triomphale en majeur sera rompue par un brusque accord de ré mineur.[...]"
La romance du second mouvement "[...] développe une délicate mélodie, très expressive, exposée par le hautbois en doublure des violoncelles; mélodie bientôt relayée par le thème lent de l'introduction, qui ne cédera qu'à l'extrême fin devant un rappel de cette même mélodie. On remarquera, dans la partie centrale, la modulation de la mineur en ré majeur, qui laisse place à un solo de violon (broderies de triolets en doubles croches), - représentant une transformation thématique du motif d'introduction. Le caractère de nocturne de la Romance s'efface enfin devant le Scherzoqui enchaîne sur une tenue à la dominante.[...]"
Dans le scherzo du troisième mouvement "[...] c'est à nouveau le thème d'introduction qui, s'amorçant en canon (par renversement), pénètre ce mouvement bondissant, d'une robustesse un peu rude, - ainsi que l'émouvant trio qui suit (même figuration mélodique que celle du violon solo antécédent, cette fois en simples croches sur un 3/4). La coda, sur le thème principal du premier mouvement, fait transition avec le finale.[...]"
Dans le dernier mouvement "[...] une nouvelle introduction lente - un Andante de seize mesures - prépare ce mouvement conclusif en forme de sonate libre; elle reprend donc le thème principal, dont dérivera aussi celui du Vivace (avec combinaison de deux nouveaux motifs, dans un ample développement). Toutefois, Schumann ne procédera pas à la récapitulation, - concluant sur une dernière idée pleine d'éclat; l'oeuvre s'achèvera sur une strette presto d'une fougue toute héroïque. [...]" Les citations ci-dessus sont tirées du Guide de la musique symphonique réalisé sous la direction de François-René Tranchefort, Fayard 1986, ISBN 978-2-213-64075-4.