Le portrait illustrant l'en-tête de cette rubrique est extrait de cette photo, Numéro d'image: 73317-4, Numéro d'inventaire: LIP-2333-012.
À gauche: Gustav Mahler, photography by Moriz Naehr, 1907; © Imagno/Getty Images; en-dessous Gustav Mahler and one of his daughters. Vienna, around 1907 © Photo by Imagno/Getty Images
À droite: Dietrich Fischer-Dieskau, circa 1965, photo de Erich Auerbach, © Getty Images; en-dessous Georg Solti conducting at a rehearsal, 23rd January 1963, photo by Erich Auerbach, © Hulton Archive Getty Images
Pour ces 4 photos à gauche et à droite: © Getty Images, Standard-Editorial-Rechte, „Disponible pour les utilisations éditoriales“
Gustav MAHLER
Chants sur la mort des enfants
Dietrich FISCHER-DIESKAU
Orchestre national de la Radiodiffusion française
Georg SOLTI, 5 mai 1964
Depuis 1900, les lieder de Mahler étaient fortement influencés par les écrits de Friedrich Rückert. Peu après la mort de deux de ses 10 enfants, Rückert avait écrit un recueil de 428 poèmes sur le thème des enfants morts. Mahler - qui avait lui-même onze frères et soeurs, dont 6 décédés pendant leur enfance - porte son choix sur cinq de ces poèmes pour former son recueil des Chants sur la mort des enfants: en 1901 sont composés les premier, troisième et quatrième lieder, il termine le recueil en 1904.
Sur la première page de la partition Mahler fait la remarque suivante: "[...] Ces 5 morceaux forment une entité indivisible. Il est donc de rigueur d'éviter toute interruption accidentelle pendant leur exécution, en réprimant même les applaudissements jusqu’à la fin du dernier.[...]" cité de la préface publiée dans l'édition «Wiener Philharmonischer Verlag, New York, Associated Music Publishers, c1905, Philharmonia Partituren», voir par exemple cette page du site www.dlib.indiana.edu.
Dans cette préface fut également publiée une introduction de Richard Specht, un spécialiste de Gustav Mahler:
"[...] Ce sont les lieds et chansons de Mahler qui nous délivrent la véritable clef explicative pour son oeuvre symphonique, surtout les morceaux dont il trouva les paroles dans le «Cor magique», chansons exceptionelles parmi les créations du même genre dans lequel nous les classons, d'une émotion moins personelle, éloignées de toute confession sentimentale, mais débordantes du grand enchantement qu’exercèrent sur l'âme du maitre la cantilène populaire, le cri primitif du coeur humain, fait de naiveté et de force; chansons tantôt mélancoliques tantôt joyeuses, pleines de gaité bruyante ou de tendres nostalgies, de charme léger ou d’obstination paysanne âpre et hargneuse: elles connaîtront un jour peut-être la vogue de la véritable chanson populaire et chantées par les humbles dont le coeur n’a pas encore subi l’étreinte meurtrière de la fausse culture, elles voleront de bouche en bouche à travers les générations et les siècles pour retourner ainsi au grand fleuve limpide du folklore anonyme qui jadis inspira leur créateur. Et ce serait là l’apothéose qu’elles méritent.
Dans ce siècle inquiet, tourmenté et hurluberlu, pareille mélopée en marge de la mode, en dehors de toute époque, ne pouvait être conçue que par un de ceux-ci qui jamais ne «furent de ce monde». Peut-être les siècles passés entendirent-ils chanter ainsi les paysans, les bergers, les mercenaires sous la tonelle ou dans les rues étroites à hauts pignons des petites villes. Car ce n’est que par l’instrumentation, unique dans son genre, que ces petits chefs-d’oeuvres se révèlent comme étant de nos jours. Cette profusion de teintes chattoyantes, cette délicatesse des nuances n’ont été données qu’à notre époque qui est celle de Berlioz et Wagner.
Il y a dans la série de ces lieds une evolution insensible de la description objective à l’émotion personelle des chansons guerriers, des légendes sereines ou mélancoliques du «cor enchanté» à travers les naives et touchantes confessions de Ruckert vers les accents tragiques et empoignants presque cruels du cycle «Sur la mort d’enfants». Mahler avait la conviction que toute son oeuvre n'était au fond qu'une espèce d'anticipation prophétique de sa destinée dans ce sens que dans chacune de ses créations il formait involontairement une espèce de vision que l'avenir réaliserait dans sa propre vie.
Or, coïncidence au moins troublante, dans le cas du cycle «Sur la mort d'enfants» cette idée mystique a trouvé une confirmation des plus tragiques par la mort de la fillette du maître.
Et Mahler, qui selon ses propres paroles, s’il avait eu des enfants à cette époque, n'aurait jamais été capable de concevoir ce chef-d'oeuvre plus empoignant encore par la tristesse contenue, la douceur élégiaque de la berceuse dolente et finale que par les puissantes éruptions de douleur titanique du commencement, Mahler lui-même considérait plus tard ce cycle comme un défi sacrilège lancé à la destinée dont la main l’avait si cruellement frappé.
Personne n'a jamais entendu ces 5 morceaux sans être profondément rémué par leur beauté impérissable. Le cycle «Sur la mort d'enfants» et «Le chant de la Terre» constituent le gage le plus sûr de l’immortalité du maître.[...]" cité de la préface publiée dans l'édition «Wiener Philharmonischer Verlag, New York, Associated Music Publishers, c1905, Philharmonia Partituren», voir par exemple à partir de cette page du site www.dlib.indiana.edu, sous «Notes».
Pour les textes des cinq lieder cliquer sur les onglets ci-dessous (pour une traduction en français voir par exemple cette page de wikisource):
1. Nun will die Sonn' so hell aufgehn
Nun will die Sonn’ so hell aufgehn,
Als sei kein Unglück die Nacht geschehn!
Das Unglück geschah nur mir allein!
Die Sonne, sie scheinet allgemein!
Du mußt nicht die Nacht in dir verschränken,
Mußt sie ins ew’ge Licht versenken!
Ein Lämplein verlosch in meinem Zelt!
Heil sei dem Freudenlicht der Welt!
2. Nun seh' ich wohl, warum so dunkle Flammen
Nun seh’ ich wohl, warum so dunkle Flammen
Ihr sprühtet mir in manchem Augenblicke.
O Augen!
Gleichsam, um voll in einem Blicke
Zu drängen eure ganze Macht zusammen.
Doch ahnt’ ich nicht, weil Nebel mich umschwammen,
Gewoben vom verblendenden Geschicke,
Daß sich der Strahl bereits zur Heimkehr schicke,
Dorthin, von wannen alle Strahlen stammen.
Ihr wolltet mir mit eurem Leuchten sagen:
Wir möchten nah dir bleiben gerne!
Doch ist uns das vom Schicksal abgeschlagen.
Sieh’ uns nur an, denn bald sind wir dir ferne!
Was dir nur Augen sind in diesen Tagen:
In künft’gen Nächten sind es dir nur Sterne.
3. Wenn dein Mütterlein tritt zur Tür herein
Wenn dein Mütterlein tritt zur Tür herein,
Und den Kopf ich drehe, ihr entgegen sehe,
Fällt auf ihr Gesicht erst der Blick mir nicht,
Sondern auf die Stelle, näher nach der Schwelle,
Dort, wo würde dein lieb Gesichten sein,
Wenn du freudenhelle trätest mit herein,
Wie sonst, mein Töchterlein.
Wenn dein Mütterlein tritt zur Tür herein,
Mit der Kerze Schimmer, ist es mir, als immer
Kämst du mit herein, huschtest hinterdrein,
Als wie sonst ins Zimmer!
O du, des Vaters Zelle,
Ach, zu schnell erloschner Freudenschein!
4. Oft denk' ich, sie sind nur ausgegangen
Oft denk’ ich, sie sind nur ausgegangen!
Bald werden sie wieder nach Hause gelangen!
Der Tag ist schön! O sei nicht bang!
Sie machen nur einen weiten Gang!
Jawohl, sie sind nur ausgegangen
Und werden jetzt nach Hause gelangen!
O, sei nicht bang, der Tag is schön!
Sie machen nur den Gang zu jenen Höh’n!
Sie sind uns nur vorausgegangen
Und werden nicht wieder nach Hause gelangen!
Wir holen sie ein auf jenen Höh’n
Im Sonnenschein!
Der Tag is schön auf jenen Höh’n!
5. In diesem Wetter, in diesem Braus
In diesem Wetter, in diesem Braus,
Nie hätt’ ich gesendet die Kinder hinaus;
Man hat sie getragen hinaus,
Ich durfte nichts dazu sagen!
In diesem Wetter, in diesem Saus,
Nie hätt’ ich gelassen die Kinder hinaus,
Ich fürchtete sie erkranken;
Das sind nun eitle Gedanken.
In diesem Wetter, in diesem Graus,
Nie hätt’ ich gelassen die Kinder hinaus;
Ich sorgte, sie stürben morgen,
Das ist nun nicht zu besorgen.
In diesem Wetter, in diesem Graus!
Nie hätt' ich gesendet die Kinder hinaus!
Man hat sie hinaus getragen,
ich durfte nichts dazu sagen!
In diesem Wetter, in diesem Saus, in diesem Braus,
Sie ruh’n als wie in der Mutter Haus,
Von keinem Sturm erschrecket,
Von Gottes Hand bedecket.
Voici donc...
Gustav Mahler, Kindertotenlieder, Liederzyklus, Dietrich Fischer-Dieskau, Orchestre national de la Radiodiffusion française, Georg Solti, 5 mai 1964
1. Nun will die Sonn' so hell aufgehn 05:07
2. Nun seh' ich wohl, warum so dunkle Flammen 04:24
3. Wenn dein Mütterlein tritt zur Tür herein 04:25
4. Oft denk' ich, sie sind nur ausgegangen 02:57
5. In diesem Wetter, in diesem Braus 06:40
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