Au bord du fleuve sacré, texte de Michel Dimitri Calvocoressi (1877 - 1944) basé sur un texte en sanscrit de Kalidasa (5e siècle)
Grand Choeur
Le soleil s'est plongé dans la mer
Et la fraîcheur des arbres
Rappelle vers leurs nids tous les oiseaux.
Le soleil s'est plongé dans la mer.
Les champs de lotus ferment leurs yeux de fleurs
Et les ténèbres envahissent la terre,
Comme un noir troupeau d'éléphants.
Et les ténèbres envahissent la terre
Comme un noir troupeau d'éléphants.
Mais les parfums de la nuit
Déjà réveillent dans les coeurs l'amour.
On voit aux clartés lunaires les couples enlacés
Rôder sous la feuillée palpitants de bonheur.
Ténor solo
Mais les parfums de la nuit
Déjà réveillent dans les coeurs l'amour.
On voit aux clartés lunaires les couples enlacés
Rôder sous la feuillée palpitants de bonheur.
Contralto solo
Plus doux que les parfums de la nuit,
Plus ardent est mon amour.
Ô sombres voiles du ciel
Pourquoi déjà cédez-vous devant l'aurore?
Baryton solo
Sous le ciel noir et sillonné d'éclairs illuminant la nue,
Plus haut que l’oeil ne peut atteindre et que l'oiseau ne peut voler,
Son front majestueux montant jusqu'aux palais des Immortels,
Se dresse la montagne souveraine.
Son ombre immense terrifie les coeurs timides des humains,
Nul être n'a jamais foulé la neige de ses fiers sommets,
Les aigles seuls ont entendu le vent gémir dans ses cavernes
Et c'est un Dieu dont la voix descend parmi nous.
Des sources coulent de ses flancs, versant aux plaines, aux vallons,
L'eau qui délivre du péché, l'eau qui féconde et qui nourrit
Et le torrent joyeux bondit vers les pays ensoleillés
Où s'élèvent les cités florissantes.
Dans l'ombre épaisse des forêts voici que montent les rumeurs.
Les cris d'angoisse et de désir, appels de haine, appels d'amour,
Mais sous les arbres inclinés, paisible tu poursuis ton cours,
Ô fleuve où se reflète le ciel lumineux.
Heureux celui dont le regard s'éteint sur ce rivage aimé des Dieux,
Les eaux du Fleuve porteront ses cendres vers la vaste mer.
Comme la neige en fondant délivre l'eau purifiée,
Ainsi la forme évanouie laissera l'âme libre enfin
Monter vers les étoiles innombrables.
Fleuve sacré qui vient baigner les temples de la cité sainte,
Par ces gradins encore obscurs, dans le silence de la nuit,
Descend vers toi, paré de fleurs et murmurant les mots divins,
Un peuple immense, suppliant,
Un peuple ardent de voir bientôt
Renaître le soleil d'un jour nouveau
Grand Choeur
Soleil, oeil de jour, à la chaude lumière
Ta rougeur éclate déjà parmi les branches des grands bois.
Tu fais épanoui les fleurs dont le vent porte au loin les pollens odorants.
Les moissons de lotus s'inclinent, buvant tes caresses.
Salut toi qui créas les jours,
Toi qui chaque matin répands sur la cime des monts
La gerbe de tes rayons nouveaux.
Tu chasses devant toi l'armée, l'armée immense des étoiles.
Et ta beauté passionnée règne seule
Sur l'Océan des cieux embrasés.