Les photos à gauche -
Pierre MONTEUX, Paris, 1933, et mai 1952 - proviennent du site de la
BNF - Portrait de Pierre Monteux, chef de l'
Orchestre Symphonique de Paris, photographie de presse, Agence de presse Mondial Photo-Presse. diff. par l'Agence Mondial (Paris), date d'édition: 1933. Droits: domaine public.
Source: Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EI-13 (2993) - et du site
PARISENIMAGES,
© Boris Lipnitzki / Roger-Viollet,
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Numéro d'image: 3150-4, Numéro d'inventaire: LIP-2250-001.
À droite:
Edward ELGAR en 1904, source:
IMSLP.
Edward ELGAR
Variations on an Original Theme 'Enigma', op. 36
Orchestre National de la RadioDiffusion française
Pierre MONTEUX
21 septembre 1958, Salle du Pavillon, Montreux
Edward Elgar compose ses «Variations on an original theme 'Enigma'», op. 36, entre 1898 et 1899: cette oeuvre symphonique est formée d'une introduction - exposant le thème - et de quatorze variations. Celles-ci se basent sur la mélodie du thème ainsi que sur des éléments rythmiques, la dernière étant sous la forme d'un grand final.
C'est un chef d'oeuvre d'Elgar légendaire, aussi bien par sa musique que par ses énigmes. Elgar l'a dédicacé à «my friends pictured within / à mes amis décrits ici», chaque variation étant un portrait musical d'un personnage de son proche entourage.
Pour un court commentaire des 14 variations, une citation extraite de cette page en français de Wikipedia (consultée le 15.11.2012):
"[...] * Variation 1 (L'istesso tempo) «C.A.E.»: il s'agit des initiales de la femme d'Elgar (Caroline Alice Elgar). Cette variations comporte des répétions d'une courte mélodie de quatre notes qu'Elgar avait l'habitude de siffler quand il revenait à son domicile.
* Variation 2 (Allegro) «H.D.S-P.»: ce sont les initiales de Hew David Steuart-Powell, un ami pianiste, avec qui, Elgar et Basil Nevinson (le portrait de la variation 12) jouaient souvent de la musique de chambre.
* Variation 3 (Allegretto) «R.B.T.»: Richard Baxter Townshend était un acteur amateur, capable d'intonations extrêmes de sa voix, ce que la musique tente d'imiter.
* Variation 4 (Allegro di molto) «W.M.B.»: William Meath Baker, squire of Hasfield, ami particulièrement énergique.
* Variation 5 (Moderato) «R.P.A.»: Richard Penrose Arnold, pianiste amateur, est le fils du poète Matthew Arnold.
* Variation 6 (Andantino) «Ysobel»: il s'agit du surnom d'Isabel Fitton, une élève d'Elgar, altiste, la mélodie de cette variation étant jouée sur cet instrument.
* Variation 7 (Presto) «Troyte»: Arthur Troyte Griffiths est un architecte, pianiste amateur et probablement peu expérimenté, son portrait imitant son jeu approximatif.
* Variation 8 (Allegretto) «W.N.»: Winifred Norbury est un ami d'Elgar. Sa variation se termine par une note tenue au violon qui fait transition avec la
* Variation 9 (Adagio) «Nimrod»: Augustus J. Jaeger est le meilleur ami d'Elgar. Cette variation décrit aussi bien le «noble» caractère de ce dernier qu'une balade nocturne où les deux hommes discutaient longuement des mouvements lents chez Ludwig van Beethoven. Les huit premières mesures seraient inspirées par le second mouvement de la Sonate «pathétique». Anecdotiquement, le nom «Nimrod» se réfère au chasseur mythologique de l'Ancien Testament, Jaeger étant la traduction allemande pour «chasseur». Cette variation est devenue particulièrement populaire et est jouée lors de certaines cérémonies funéraires. Elle est également joué à Londres le dimanche du souvenir (le dimanche le plus proche du 11 novembre).
* Variation 10 (Intermezzo: Allegretto) «Dorabella»: Dora Penny est une amie du musicien dont le rire est décrit par les bois. Elle est de la famille de William Meath Baker, décrit dans la quatrième variation, et la belle-soeur de Richard Baxter Townsend, décrit dans la troisième variation.
* Variation 11 (Allegro di molto) «G.R.S.»: George Robertson Sinclair, est l'organiste de la cathédrale d'Hereford. Il décrit également le bouledogue de ce dernier, Dan, ainsi qu'une promenade le long de la rivière Wye au cours de laquelle le chien est tombé à l'eau.
* Variation 12 (Andante) «B.G.N.»: Basil G. Nevinson était un violoncelliste, qui plus tard, inspira à Elgar son Concerto pour violoncelle
* Variation 13 (Romanza: Moderato) «***»: Cette variation ne comporte pas d'indice littéral pouvant aider à identifier la personne portraiturée. Elle comporte cependant une citation de l'ouverture Mer calme et heureux voyage de Felix Mendelssohn. Il pourrait s'agir ainsi du portrait de Mary Lygon, une amie qui voyageait en Australie vers cette époque, ou alors de celui de Helen Weaver, ancienne fiancée d'Elgar qui a émigré en Nouvelle-Zélande en 1884.
* Variation 14 (Finale: Allegro Presto) «E.D.U.»: Il s'agit de l'autoportrait d'Elgar, Edu étant un surnom que lui donnait sa femme. Il reprend des citations de la première et de la neuvième variation. Une première version était plus courte de près d'une centaine de mesures par rapport à la version définitive. En juillet 1899, un mois après l'achèvement de la première mouture, August Jaeger, la personne décrite comme Nimrod dans la variation no 9, suggère à Elgar d'allonger la variation finale. Elgar accepte l'idée et ajoute une partie jouée à l'orgue.
Chaque variation est donc un portrait psychologique, comportant également des citations à certaines caractéristiques des personnages (comme le rire de Winifred Norbury) ou à des situations (promenade nocturne avec Jaeger). [...]"
Pour plus de détails, aussi sur les énigmes que contient cette oeuvre aujourd'hui encore, voir par exemple cette page en anglais de Wikipedia, ainsi que cette excellente page du site de la BBC.
Au Festival de Montreux de 1958, le dimanche 21 septembre, Pierre MONTEUX - alors âgé de 83 ans - dirigeait l'Orchestre National de la RadioDiffusion française. Les Variations Enigma terminaient le concert (au début l'Ouverture des Maîtres Chanteurs de Wagner, puis le Concerto en ut mineur de Mozart, avec Robert Casadesus en soliste, et la Symphonie de Franck)
Quelques extraits des compte-rendus de l'époque:
a) Journal de Geneve, No 223, 24 septembre 1958, page 7, chronique de Franz Walter:
"[...]AU SEPTEMBRE MUSICAL DE MONTREUX
Pierre Monteux et Robert Casadesus
À quatre-vingt-trois ans, Pierre Monteux donne un des exemples les plus extraordinaires d'inaltérable jeunesse. Certes son geste est simplifié à l'extrême - il fut d'ailleurs toujours d’une grande sobriété - mais sa direction très carrée, presque sommaire d'apparence a gardé une certaine ampleur de mouvement. Quel est le secret de la vitalité de ses interprétations animées par de simples et larges temps de mesure sans aucune subtilité visible? C’est avant tout un sens constructif étonnant et qui s’exerce aussi bien dans le temps que dans l’espace sonore. En effet, quel art extraordinaire d’animer insensiblement un tempo, mieux encore de le faire bifurquer sans heurt, d’une seule indication du doigt, mais avec une détermination qui ne laisse prise à aucune équivoque! D’animer et faire rebondir ainsi une période, une phrase, de les charger toujours de dynamisme, sous cette apparence de planer au-dessus de la mêlée! Quel art, encore, de doser par quelques inflexions tous les volumes sonores, de mettre en relief, en quelques traits, toute la construction thématique interne! [...]"
b) Gazette de Lausanne, vendredi 26 septembre, page 10, chroniqueur: J.B. [*]:
"[...] l’interprétation de Pierre Monteux fut en tous points remarquable. On est en outre frappé par la vigueur, la clarté de pensée et l’extraordinaire résistance physique dont fit preuve le grand chef français tout au long d’un concert de vaste dimension. En effet, en plus de la «Symphonie» de Franck, Pierre Monteux nous donna un magistral exposé, tout de grandeur et de dignité, de l’«Ouverture des Maîtres chanteurs» de Wagner; puis, terminant ainsi la soirée, il dirigea encore cette sorte de portrait de famille que constitue «Enigma Variations» d’Elgar.
Etonnante personnalité que celle d’Edward Elgar. Si, dans son style, on ne décèle guère la marque d’une réelle originalité, force nous est faite de constater, dans l’emploi d une syntaxe traditionnelle et dans l’orchestration, la technique d’un maître. Grâce à la diversité de ses variations, grâce aussi aux contrastes que ménagent leurs enchaînements, Elgar réussit à captiver constamment l’esprit de l’auditeur. Pierre Monteux en donna une traduction vivante, laissant habilement percer l’humour contenu dans ces pages. [...]"
(*) Grâce à l'intuition de Sylvie Bazzanella - dans une discussion du Forum de Notre Histoire - il est possible de mettre un nom à ces initiales J.B.: il doit s'agir de Jean Balissat. J'ai trouvé confirmation dans la Gazette de Lausanne du 26 octobre 1959, page 6, dans un court article intitulé "Un concours de composition musicale à Lausanne":
"[...] Un deuxième prix de 500 francs à Jean Balissat, critique musical à la «Gazette de Lausanne», pour sa «Symphonie No 2». [...]"
À souligner: ces compte-rendus et documents sont rendus accessibles grâce à l'admirable banque de données du quotidien Le Temps permettant de rechercher dans les archives de la Gazette de Lausanne et du Journal de Genève, et ceci sur les 200 ans passés!!
La première diffusion du concert aurait du avoir lieu le lendemain - lundi 22 septembre 1958 - sur «France — Chaine Nationale (280 m.)» (Ref.: Journal de Genève du 22.09.1958, page 9, «À la radio»): à cause d'une grève elle fut renvoyée au 24 septembre suivant.
Cet enregistrement de concert présente certes quelques défauts technique, sa qualité sonore laisse par endroits à désirer, mais le document est unique, superbe! Certaines sources - dont l'INA! - indiquent qu'il aurait été fait à Paris le 24 septembre 1958, ce qui est erroné. Les compte-rendus des concerts de cette époque le prouvent clairement: entre les 16 et 25 septembre l'Orchestre National a donné 5 concerts à Montreux (voir par exemple le programme général au bas de cette page), ne pouvait donc être à Paris. Cette date du 24 septembre 1958 est en fait celle de la première diffusion à la radio française.
À noter que Pierre Monteux avait enregistré cette oeuvre pour le disque quelques mois auparavant à Londres, Kingsway Hall, 24 et 25 juin 1958, avec le London Symphony Orchestra - dont il va être deux ans plus tard le chef titulaire, de 1960 jusqu'à son décès en 1964.
En plus de l'enregistrement de Montreux, il en existe d'autres enregistrements de concert, avec
- le Concertgebouw d'Amsterdam, 12 octobre 1950 (*)
- le Boston Symphony Orchestra, 18 janvier 1957 (*)
- l'Orchestre Symphonique de Londres, 4 mars 1962 (*)
- l'Orchestre Philharmonique d'Israel, 7 mars 1964 (**)
(*) datés d'après cette page de la discographie du site de patachonf.free.fr
(**) «Recorded LIVE at the Mann Auditorium, Tel Aviv, 7 March 1964», voir cette page du site elgarmuseum.org.uk resp. le CD Helicon 02-9641
Voici donc...
Edward Elgar, Variations on an Original Theme 'Enigma', op. 36, Orchestre National de la RadioDiffusion française, Pierre Monteux, 21 septembre 1958, Salle du Pavillon, Montreux
00. Introduction, Enigma Theme (Andante) 01:09 (-> 01:09)
01. (L'istesso tempo) "C.A.E." (The composer's wife) 01:41 (-> 02:50)
02. (Allegro) "H.D.S-P." (Hew David Steuart-Powell) 00:47 (-> 03:37)
03. (Allegretto) "R.B.T." (Richard Baxter Townshend) 01:20 (-> 04:57)
04. (Allegro di molto) "W.M.B." (William Meath Baker) 00:27 (-> 05:24)
05. (Moderato) "R.P.A." (Richard Penrose Arnold) 01:45:620 (-> 07:09:620)
06. (Andantino) "Ysobel" (Isabel Fitton) 01:16:380 (-> 08:26)
07. (Presto) "Troyte" (Troyte Griffith) 00:55 (-> 09:21)
08. (Allegretto) "W.N." (Winfried Norbury) 01:44:340 (-> 11:05:340)
09. (Adagio) "Nimrod" (A. J. Jaeger) 03:41:660 (-> 14:47)
10. (Intermezzo: Allegretto) "Dorabella" (Dora Penny) 02:40 (-> 17:27)
11. (Allegro di molto) "G.R.S." (George Robertson Sinclair) 00:59 (-> 18:26)
12. (Andante) "B.G.N." (Basil G. Nevinson) 02:11:720 (-> 20:37:720)
13. (Romanza: Moderato) "* * *" (Lady Mary Lygon) 02:19:280 (-> 22:57)
14. (Finale: Allegro Presto) "E.D.U." (The composer) 04:35 (-> 27:32)
Provenance: Radiodiffusion, Archives Radio Suisse Romande (RSR)
que vous pouvez obtenir en...
pour un téléchargement libre, depuis mon site
15 fichiers FLAC, 2 fichiers CUE (*) et 1 fichier PDF dans 1 fichier ZIP
(*) 1 fichier CUE pour les fichiers décomprimés en WAV et 1 fichier CUE pour les fichiers comprimés FLAC, si votre logiciel peut utiliser directement les fichiers FLAC.
Edward ELGAR en 1904, source: IMSLP.
Programme général du Festival de Montreux 1958