Bela BARTOK
Huit Improvisations sur des chants paysans hongrois
op. 20, Sz 74
Andor FOLDES
27.01.1953, Stuttgart-Untertuerkheim
Bela Bartok termine de composer ses «Huit Improvisations sur des chants paysans hongrois», op. 20, Sz 74, à Budapest en 1920. L'oeuvre fut donnée en première audition dans cette même ville par le compositeur le 27 février 1921.
Une courte description citée du Guide de la musique de piano et de clavecin, François-René Tranchefort, Librairie Arthème Fayard, 1987, ISBN 978-2-213-64112-6:
Ces Improvisations "[...] représentent le plus haut sommet atteint par Bartok dans l'utilisation de folklore authentique, et l'une de ses avancées les plus audacieuses dans les zones musicales jusque-là inconnues. Avec les «Trois Études», de peu antérieures [...] elles témoignent du dur combat de Bartok avec les problèmes de l'atonalité, comme c'est le cas également du ballet expressionniste le «Mandarin Merveilleux» et des deux «Sonates pour violon et piano» - ces oeuvres datant toutes des années cruciales de 1918 à 1923.
Les huit pièces sont basées sur des chants populaires de diverses origines, certains, comme pour les numéros 1 et 4 notés par Bartok lui-même longtemps auparavant (district de Tolan 1907), les autres empruntés aux collections de ses collègues folkloristes Bela Vikar (Nos 2 et 5 du district de Zala, No 6 de la région de Csik, No 7 d'Udvarhely), Akos Garay (No 3 du district de Szerém) et Laszlo Lajtha (No 8 de Szilágy). Bartok use de ce matériau avec une liberté magistrale, le coulant dans une forme rhapsodique soigneusement équilibrée, comportant des variations reliées par de véritables développements. La présence du contrepoint souligne l'élaboration thématique hautement intellectuelle (mais jamais cérébrale ou desséchée). Les pièces rapides en forme de danses (Nos 2, 5, 6 et 8) témoignent du même humour diabolique et sardonique que les épisodes apparentés des deux grands ballets («le Prince de Bois» et «le Mandarin Merveilleux»), ou de la «Suite de Danses» pour orchestre de 1923.
Les deux premières pièces sont enchaînées, une danse rapide succédant à une mélopée lente, et les deux dernières offrent des liens analogues. Les Nos 3, 4 et 5 forment également un cycle ininterrompu, d'une animation croissante, alors que le No 6, un fantasque Capriccio, demeure isolé. Le No 7, profondément expressif, fut composé à l'origine à la mémoire de Claude Debussy et publié avec des hommages d'autres compositeurs, tels que Stravinski, Dukas, Falla ou Ravel, dans le «Tombeau de Claude Debussy» ( Revue Musicale du 1 er mars 1961).
Avec les Improvisations, Bartok atteignit à un tel sommet de son style pianistique, qu'il attendit six années avant d'entreprendre une autre oeuvre pour clavier! Ce devait être l'unique «Sonate» de 1926 [...], qui appartient à l'univers fascinant du folklore «imaginaire». [...]"
Cité du Guide de la musique de piano et de clavecin, François-René Tranchefort, Librairie Arthème Fayard, 1987, ISBN 978-2-213-64112-6
Andor Foldes fait des courtes à très courtes - mais toujours nettes - pauses entre les huits parties.