Anton BRUCKNER
Symphonie No 7 en mi majeur, WAB 107
version de 1885, édition Leopold Nowak [1954]
Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise
Otto KLEMPERER, 12 avril 1956
salle Herkules de la Résidence de Munich
Anton Bruckner compose cette symphonie entre septembre 1881 et l'automne 1883. Sa première audition a lieu le 30 décembre 1884 à Leipzig, sous la direction de Arthur Nikisch. L'oeuvre a immédiatement un grand succès: c'est la première oeuvre de Bruckner qui est largement acceptée par le public. Une reconnaissance tardive, Bruckner étant déjà âgé de soixante ans. L'année suivante l'oeuvre est jouée à Munich, en 1886 suivent Cologne, Hamburg, Vienne, Graz, Amsterdam, Chicago, New York, l'année suivante Berlin, Budapest, Dresde et Londres: cette symphonie marque un point tournant dans la carrière de Bruckner.
Une courte description extraite d'un texte de Guy Marchand publié dans la brochure du CD Analekta avec cette symphonie dans l'interprétation de Jean-Philippe Tremblay dirigeant l'Orchestre de la Francophonie canadienne:
"[...] Dans les mouvements de forme sonate, il utilisa plus d'une fois trois thèmes plutôt que les deux traditionnels. C'est le cas du monumental Allegro moderato en mi majeur qui ouvre la Septième Symphonie.
Sur un tremolo soutenu pianissimo des violons, les violoncelles déploient un ample premier thème sur plus de vingt mesures, ce qui en fait l'un des plus longs de tout le répertoire symphonique. Après une reprise fortissimo dans le registre supérieur, violons et bois à l'unisson, un second thème s'élève, délicatement ornementé, murmuré comme une confidence par les hautbois et les clarinettes. Les violoncelles le reprennent, enveloppé d'un luxueux contrepoint des autres cordes. Il est ensuite librement développé jusqu'à son renversement aux violons sur une pédale des basses, début d'un grand crescendo qui aboutit à un martèlement dramatique des cuivres.
Ce martèlement est subitement interrompu par l'entrée inopinée, subito piano, d'un troisème thème aux bois et aux cordes, étonnamment serein et dansant. C'est le départ d'un autre crescendo qui débouche sur un nouvel appel intempestif des cuivres. De la résonnance de leur dernier accord, à nouveau subito piano, émerge aux violons une reprise du thème qui s'effiloche en un lent decrescendo jusqu'à une écho rêveur des cors marquant la fin de l'exposition.
Développement et récapitulation font alterner ces trois thèmes et leurs renversements en de savants jeux de contrepoint. Le sommet est atteient dans la coda où, sur une pédale tremolo renforcée par une roulement de timbales, la tête du premier thème aux cors et son renversement aux bois sont superposés en miroir et développés en une puissante spirale jusqu'à l'accord final. [...]"
Sur les quelques deux ans que dura la composition de l'oeuvre, Bruckner passa les 14 premiers mois sur ce premier mouvement. En février 1883 Bruckner s'attaque au second mouvement:
"[...] un magnifique Adagio très lent et solennel dans le ton relatif de do# mineur [...]".
C'est alors qu'il apprend la mort de Richard Wagner: Bruckner confia au chef d'orchestre Felix Mottl qu'il avait composé le thème d'ouverture, hanté par l'appréhension de cette mort qu'il sentait proche.
"[...] Le motif de tête est exposé par le fameux quatuor de «tubas» que Wagner avait imaginé et fait construire pour certains passages de la Tétralogie qu'il voulait particulièrement mystérieux et fantomatiques, comme le moment où, dans la Walkyrie, la déesse Brünnhilde apparaît à Siegmund pour lui annoncer sa mort prochaine. C'est ainsi que ces curieux cuivres se situant entre le cor et le tuba, que l'on n'avait entendus jusque-là que dans les dernières oeuvres de Wagner, firent une entrée on ne peut plus solennelle et emblématique dans le monde de la musique pure.
Ce thème semble par la suite vouloir se développer sans fin, émouvant éloge funèbre à la mémoire de celui qui avait rêvé d'une «mélodie infinie». Cette suite est essentiellement conduite par les cordes. Elle enchaîne d'abord par une citation fortement appuyée du Te Deum sur lequel Bruckner travaillait à la même époque. Comme pour conjurer le malheur, les cordes énoncent le motif des derniers mot de la prière: «non confundar in aeternum», «que plus jamais je ne sois confondu». Émerge [...]aux violons, en un radieux fa# majeur, un second thème plus allant, aux accents élégiaques perçant comme un sourire à travers les larmes chez qui se souvient des moments heureux auprès de celui qui n'est plus. De là, musique funèbre et mélodie hélégiaque alternent en une série de variations aux textures contrapuntiques et instrumentales d'une beauté inouïe, donnant à l'ensemble une forme classique de grand da capo (ABABA).
Aux deux fresques dramatiques précédentes, le Scherzo oppose une superbe arlequinade. Dans la première partie, sur un petit rire nerveux des cordes, une trompette solo lance une sorte de pied de nez ironique, provoquant la contagion du rire qui se communique graduellement à tout l'orchestre en plusieurs vagues jusqu'aux éclats d'une première cadence fortissimo. Les timbales, en catimini, semblent vouloir relancer le tout, mais les bois s'en mêlent, rivalisant dans une surenchère de poétiques jongleries. La trompette reprend [...]le contrôle pour entraîner tout ce beau monde jusqu'à un nouvel éclat. Les timbales reviennent, pianissimo, mais les cordes enchaînent avec le trio central, une tendre ballade comme pouvait, dans la commedia dell'arte, en chanter Pierrot à sa Colombine. Après ce moment plus sentimental, la comédie reprend de plus belle avec la répétition du grand rire initial.
Le premier thème du Finale n'est autre que celui du premier mouvement, mais métamorphosé par un rythme pointé, vif et nerveux, comme si, après le deuil du second mouvement il avait été regaillardi par la comédie du Scherzo, comme si la musique découvrait que la vie était encore possible après la mort du dieu Wagner. La calme mélodie du second thème, exposée aux violons sur pizzicati de basses, a toutes les caractéristiques d'un choral, qui semble exprimer par la suite la paix de l'âme enfin retrouvée. Le retour du premier thème incisif en un fortissimo massif marque le début d'un vaste développement essentiellement construit sur lui. La récapitulation ramènera d'abord le choral avant que ce premier thème revivifié ne soit l'objet d'un nouveau développement jusque dans la coda où Bruckner fait resurgir à la toute fin, comme dans le premier mouvement, le contrepoint en miroir de sa forme originelle ainsi magnifiée en une dernière apothéose. [...]" citations extraites d'un texte de Guy Marchand publié dans la brochure du CD Analekta avec cette symphonie dans l'interprétation de Jean-Philippe Tremblay dirigeant l'Orchestre de la Francophonie canadienne.
La discographie du site www.abruckner.com recense sept enregistrements de cette symphonie sous la direction d'Otto Klemperer:
- BBC Symphony Orchestra, 02.12.1955
- Sinfonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks, 12.04.1956
- Wiener Symphoniker, 26.02.1958
- Berliner Philarmoniker, 03.09.1958
- Philharmonia Orchestra, 05.11.1960 (disque)
- NDR Sinfonie Orchester, 03.05.1966
- New Philharmonia Orchestra, 02.11.1965
Voici donc...
Anton Bruckner, Symphonie Nr. 7 in E-Dur, WAB 107, version de 1885, édition Leopold Nowak [1954], Sinfonie-Orchester des Bayerischen Rundfunks, Otto Klemperer, 12. April 1956, Herkules-Saal der Münchner Residenz (1. Allegro moderato 18:28, 2. Scherzo - Sehr schnell 19:31, 3. Adagio - Sehr feierlich und sehr langsam 09:12, 4. Finale - Bewegt, doch nicht schnell 12:20)
que vous pouvez obtenir en...