Georges BIZET
Carmen, extraits
Cora Canne MEIJER, Leo LARSEN
Corry van BECKUM, Gérard HOLTHAUS
Betty de JONG, Riek van VEEN
Choeur et Orchestre Philharmonique Néerlandais
Walter GOEHR
MMS-2009
L'enregistrement proposé sur cette page fut publié sur le disque MMS-2009 / OP4 de la «Opera Society» / «Musical Masterpiece Society», Walter GOEHR dirigeant un orchestre nommé «Netherlands Philharmonic Orchestra». Il s'agit d'un orchestre formé pour l'occasion, apparaissant très souvent dans les enregistrements Concert Hall & Sociétés affiliées, et non d'un précurseur de l'orchestre portant actuellement ce nom (Nederlands Philharmonisch Orkest), fondé bien plus tard, en 1985.
D'après cette page de Wikipedia c'est l'Orchestre Symphonique d'Utrecht (dont le chef à cette époque était Paul Hupperts) qui formait l'essentiel du «Netherlands Philharmonic Orchestra».
Pour une courte biographie de Cora Canne MEIJER voir cette page de mon site.
Pour quelques informations sur Corry van BECKUM voir par exemple cette page du site theaterencyclopedie.nl, ainsi que cette page du même site pour quelques informations sur Gérard HOLTHAUS. Leo LARSEN, Betty de JONG, Riek van VEEN, sont des solistes que l'on retrouve dans plusieurs enregistrements faits sous la direction de Walter Goehr, mais dont je n'ai pas encore pu trouver grand-chose sur leurs biographies: si une personne visitant cette page devait en savoir plus, toutes informations m'intéressent -> Vos remarques!
La pochette du disque ne donne hélas que très peu d'informations sur les solistes:
Un condensé des extraits - les passages orchestraux, sans solistes - est paru comme «Suite de Carmen» sur le petit disque 17cm MMS-96:
Recto de la pochette du peit disque 17cm MMS-96, avec deux extraits de l'enregistrement
Les deux disques à ma disposition pour cette restauration viennent de la collection de Stefan KRAMER, que je remercie pour sa générosité.
Les deux disques ont été beaucoup joués, les traces d'usure sont souvent prononcées, et restent par endroits assez audibles: j'aurais pu faire une restauration plus profonde, mais je dois avouer que ma patience a ses limites, et que cette oeuvre n'est pas une de mes préférées... Mais cette interprétation est un document très attrayant.
Les extraits de Carmen présentés sur ce disque:
Extraits du premier acte:
01. Prélude
"[...]Le prélude est l'un des plus célèbres de l'histoire de la musique: c'est un Allegro giocoso débordant au rythme joyeux et bondissant correspondant au motif de la corrida, entrecoupé d'abord par un petit thème du quatrième acte (où l'alguazil se fait copieusement huer) puis par le motif de la chanson d'Escamillo. Il est suivi immédiatement par un sombre Andante moderato dont le caractère inquiétant et frissonnant marque le thème du destin funeste, il sera joué aux moments clefs de l'opéra (Carmen jette la fleur à José, Micaëla convainc José de partir...) et résonnera à toute volée à la fin du duo final.[...]" cité de cette page de Wikipedia
02. Scene 5: L'amour est un oiseau rebelle (Habanera - Carmen, chœur)
Une place à Séville, entre la caserne des dragons d'Alcala et une manufacture de tabac. Scène 5: La cloche sonne. C'est l'heure de la pause pour les cigarières de la manufacture. Une ouvrière, la plus attendue de toutes ne tarde pas à apparaître, c'est Carmen. Les jeunes gens assemblés demandent à Carmen quand elle les aimera. En guise de réponse Carmen expose sa philosophie de l'amour, quelque peu pessimiste, dans la habanera «L'amour est un oiseau rebelle», pour laquelle Bizet s'est fortement inspiré de la habanera El Arreglito («Le petit arrangement») du compositeur basque espagnol Sebastián Iradier:
L'amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser
Et c'est bien en vain qu'on l'appelle
S'il lui convient de refuser
Rien n'y fait, menace ou prière
L'un parle bien, l'autre se tait
Et c'est l'autre que je préfère
Il n'a rien dit, mais il me plaît
L'amour
L'amour est enfant de bohème
Il n'a jamais, jamais, connu de loi
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Et si je t'aime, prends garde à toi
Prends garde à toi
Si tu ne m'aimes pas, si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Prends garde à toi
Mais si je t'aime, si je t'aime, prends garde à toi
L'oiseau que tu croyais surprendre
Battit de l'aile et s'envola
L'amour est loin, tu peux l'attendre
Tu ne l'attends plus, il est là
Tout autour de toi, vite, vite
Il vient, s'en va, puis il revient
Tu crois le tenir, il t'évite
Tu crois l'éviter, il te tient
L'amour
L'amour est enfant de bohème
Il n'a jamais jamais connu de loi
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Et si je t'aime, prends garde à toi
Prends garde à toi
Si tu ne m'aimes pas, si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Prends garde à toi
Mais si je t'aime, si je t'aime, prends garde à toi.
03. Scene 7: Parle-moi de ma mère, Duo Micaëla, José
José[ému]
Parle-moi de ma mère!
Parle-moi de ma mère!
Micaëla[simplement]
J'apporte de sa part, fidèle messagère,
cette lettre...
José[joyeux] regardant la lettre
Une lettre!
Micaëla
Et puis un peu d'argent,
Elle lui remet une petite bourse.
pour ajouter à votre traitement.
Et puis...
José
Et puis?...
Micaëla
Et puis... vraiment je n'ose...
Et puis... encore une autre chose
qui vaut mieux que l'argent! et qui, pour un bon fils
aura sans doute plus de prix.
José
Cette autre chose, quelle est-elle?
Parle donc...
Micaëla
Oui, je parlerai.
Ce que l'on m'a donné, je vous le donnerai.
Votre mère avec moi sortait de la chapelle,
et c'est alors qu'en m'embrassant:
Tu vas, m'a-t-elle dit, t'en aller à la ville;
la route n'est pas longue; une fois à Séville,
tu chercheras mon fils, mon José, mon enfant!
Tu chercheras mon fils, mon José, mon enfant!
Et tu lui diras que sa mère
songe nuit et jour à l'absent,
qu'elle regrette et qu'elle espère,
qu'elle pardonne et qu'elle attend.
Tout cela, n'est-ce pas, mignonne,
de ma part tu le lui diras;
et ce baiser que je te donne,
de ma part tu le lui rendras.
José très ému
Un baiser de ma mère!
Micaëla
Un baiser pour son fils!...
José
Un baiser de ma mère!
Micaëla
Un baiser pour son fils!...
José, je vous le rends comme je l'ai promis!
Micaëla se hausse un peu sur la pointe des pieds et donne à José un baiser bien franc, bien maternel. Don José très-ému la laisse faire. Il la regarde bien dans les yeux. Un moment de silence.
José continuant de regarder Micaëla
Ma mère, je la vois!.. oui, je revois mon village!
O souvenirs d'autrefois! doux souvenirs du pays!
/ Doux souvenirs du pays! O souvenirs chéris!
| O souvenirs! O souvenirs chéris,
| vous remplissez mon coeur de force et de courage!
| O souvenirs chéris! Ma mère, je la vois,
| je revois mon village!
| Micaëla
| Sa mère, il la revoit! Il revoit son village!
| O souvenirs d'autrefois! Souvenirs du pays!
| Vous remplissez son coeur de force et de courage!
| O souvenirs chéris! Sa mère, il la revoit,
\ il revoit son village!
04. Scene 10, No 10: Près des remparts de Séville (Seguidilla) - Tais-toi! (Carmen, José)
Carmen[avec intention en regardant souvent Don José qui se rapproche peu à peu]
Près des remparts de Séville
chez mon ami Lillas Pastia,
j'irai danser la seguedille
et boire du Manzanilla,
j'irai chez mon ami Lillas Pastia.
Oui, mais toute seule on s'ennuie,
et les vrais plaisir sont à deux;
donc pour me tenir compagnie,
j'ammènerai mon amoureux!
Mon amoureux!.. il est au diable!
Je l'ai mis à la porte hier!
Mon pauvre coeur, très consolable,
mon coeur est libre comme l'air!
J'ai des galants à la douzaine;
mais ils ne sont pas à mon gré.
Voici la fin de la semaine:
qui veut m'aimer? je l'aimerai!
Qui veut mon âme? Elle est à prendre!
Vous arrivez au bon moment!
Je n'ai guère le temps d'attendre,
car avec mon nouvel amant
près des remparts de Séville,
chez mon ami Lillas Pastia,
j'irai danser la seguedille
et boire du Manzanilla,
dimanche, j'irai chez mon ami Pastia!
José
Tais-toi, je t'avais dit de ne pas me parler!
Carmen [simplement]
Je ne te parle pas, je chante pour moi-même,
je chante pour moi-même!
Et je pense! il n'est pas défendu de penser!
Je pense à certain officier,
je pense à certain officier qui m'aime
et qu'à mon tour, oui, qu'à mon tour
je pourrais bien aimer!
José[ému]
Carmen!
Carmen
Mon officier n'est pas un capitaine,
pas même un lieutenant, il n'est que brigadier;
mais c'est assez pour une bohémienne
et je daigne m'en contenter!
Josédéliant la corde qui attache les mains de Carmen
Carmen, je suis comme un homme ivre,
si je cède, si je me livre,
ta promesse, tu la tiendras,
ah! si je t'aime, Carmen, Carmen, tu m'aimeras!
Carmen
Oui.
José
Chez Lillas Pastia,
Carmen
Nous danserons
José
tu le promets!
Carmen
la seguedille
José
Carmen...
Carmen
En buvant du Manzanilla,
José
Tu le promets...
Carmenà peine chante, murmuré
ah! Près des remparts de Séville,
chez mon ami Lillas Pastia,
nous danserons la seguedille
et boirons du Manzanilla,
tra la la la la la la la la la la
tra la la la la la la la la la la la.
05. Scene 1: Les tringles des sistres tintaient (Chanson gitane)
La taverne de Lillas Pastia. Tables à droite et à gauche. Carmen, Mercédès, Frasquita, le lieutenant Zuniga, Moralès et un lieutenant. C'est la fin d'un diner. La table est en désordre. Les officiers et les Bohémiennes fument des cigarettes. Deux Bohémiens râclent de la guitare dans un coin de la taverne et deux Bohémiennes, au milieu de la scène, dansent. Carmen est assise regardant danser les Bohémiennes, le lieutenant lui parle bas, mais elle ne fait aucune attention à lui. Elle se lève tout à coup et se met à chanter.
Carmen
Les tringles des sistres tintaient
avec un éclat métallique,
et sur cette étrange musique
les zingarellas se levaient.
Tambours de basque allaient leur train,
et les guitares forcenées
grinçaient sous des mains obstinées,
même chanson, même refrain,
même chanson, même refrain.
Tra la la la
tra la la la
tra la la la
tra la la la la la la la.
Sur ce refrain les Bohémiennes dansent.
Frasquita, Mercédès, Carmen
Tra la la la
tra la la la
tra la la la
tra la la la la la la la.
Carmen
Les anneaux de cuivre et d'argent
reluisaient sur les peaux bistrées;
d'orange ou de rouge zébrées
les étoffes flottaient au vent.
La danse au chant se mariait,
la danse au chant se mariait;
d'abord indécise et timide,
plus vive ensuite et plus rapide...
cela montait, montait, montait, montait!
Tra la la la
tra la la la
tra la la la
tra la la la la la la la.
Frasquita, Mercédès, Carmen
Tra la la la
tra la la la
tra la la la
tra la la la la la la la.
Carmen
Les Bohémiens, à tour de bras,
de leurs instruments faisaient rage,
et cet éblouissant tapage
ensorcelait les zingaras.
Sous le rhythme de la chanson,
sous le rhythme de la chanson,
ardentes, folles, enfiévrées,
elles se laissaient, enivrées,
emporter par le tourbillon!
Tra la la la
tra la la la
tra la la la
tra la la la la la la la.
Frasquita, Mercédès, Carmen
Tra la la la
tra la la la
tra la la la
tra la la la la la la la
tra la la la
tra la la la
tra la la la
tra la la la.
06. Scene 2: Votre toast, je peux vous le rendre - Toréador, en garde (Escamillo)
Escamillo
Votre toast, je peux vous le rendre,
señors, señors, car avec les soldats
oui, les toreros peuvent s'entendre;
pour plaisirs,pour plaisirs, ils ont les combats!
Le cirque est plein, c'est jour de fête!
Le cirque est plein du haut en bas;
les spectateurs perdant la tête,
les spectateurs s'interpellent à grands fracas!
Apostrophes, cris et tapage
poussés jusques à la fureur!
Car c'est la fête du courage!
C'est la fête des gens de coeur!
Allons! en garde!
allons! allons! ah!
[légèrement, avec fatuité]
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador, l'amour, l'amour t'attend!
Tous
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
/ Escamillo
| Et songe bien, oui, songe en combattant,
| qu'un oeil noir te regarde
| et que l'amour t'attend,
\ Toréador, l'amour, l'amour t'attend!
Tout d'un coup, on fait silence,
on fait silence... ah! que se passe-t-il?
Plus de cris, c'est l'instant!
Plus de cris, c'est l'instant!
Le taureau s'élance en bondissant
hors du toril! Il s'élance!
Il entre, il frappe!... un cheval roule,
entraînant un picador.
``Ah! Bravo! Toro!'' hurle la foule,
le taureau va... il vient... il vient et frappe encor!
En secouant ses banderilles,
plein de fureur, il court!..
le cirque est plein de sang!
On se sauve... on franchit les grilles!..
C'est ton tour maintenant!
Allons! en garde!
allons! allons! ah!
[légèrement, avec fatuité]
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador, l'amour, l'amour t'attend!
Tous
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
/ Escamillo
| Et songe bien, oui, songe en combattant,
| qu'un oeil noir te regarde
| et que l'amour t'attend,
\ Toréador, l'amour, l'amour t'attend!
07. Scene 5: La fleur que tu m'avais jetée (Don José)
La fleur que tu m'avais jetée
dans ma prison m'était restée,
flétrie et sèche, cette fleur
gardait toujours sa douce odeur;
et pendant des heures entières,
sur mes yeux, fermant mes paupières,
de cette odeur je m'enivrais
et dans la nuit je te voyais!
Je me prenais à te maudire,
à te détester, à me dire:
pourquoi faut-il que le destin
l'ait mise là sur mon chemin!
Puis je m'accusais de blasphème,
et je ne sentais en moi-même,
je ne sentais qu'un seul désir,
un seul désir, un seul espoir:
te revoir, ô Carmen, oui, te revoir!
Car tu n'avais eu qu'à paraître,
qu'à jeter un regard sur moi,
pour t'emparer de tout mon être,
ô ma Carmen!
Et j'étais une chose à toi!
Carmen, je t'aime!
Extraits du troisième acte:
08. marche des contrebandiers. 09. En vain, pour éviter les réponses amères (trio des cartes, Carmen, Frasquita, Mercédès)
La Marche des contrebandiers (extrait No 8) et le début du trio des cartes (extrait No 9) sont joués enchaînés
Carmen Elle se met à tourner les cartes
En vain, pour éviter les réponses amères,
en vain tu mêleras!
Cela ne sert à rien, les cartes sont sincères
et ne mentiront pas!
Dans le livre d'en haut si ta page est heureuse,
mêle et coupe sans peur,
la carte sous tes doigts se tournera joyeuse,
t'annonçant le bonheur.
Mais si tu dois mourir, si le mot redoutable
est écrit par le sort,
recommence vingt fois, la carte impitoyable
répétera: la mort!
Oui, si tu dois mourir, recommence vingt fois,
la carte impitoyable
répétera: la mort!
[tournant les cartes]
encor!.. encor!.. toujours la mort!
Frasquita, Mercédès
Parlez encor, parlez, mes belles,
de l'avenir, donnez-nous des nouvelles.
Mercédès
Dites-nous qui nous trahira!
/ Frasquita
| Dites-nous qui nous trahira!
| Carmen
\ Encor!
Mercédès
Dites-nous qui nous aimera!
/ Frasquita
| Dites-nous qui nous aimera!
| Carmen
\ Encor!
/ Frasquita, Mercédès
| Parlez encor! parlez encor!
| Dites-nous qui nous trahira,
| dites-nous qui nous aimera!
| Carmen
| Le désespoir!
| La mort! la mort!
\ encor... la mort!
10. Scene 5: Je dis que rien ne m'épouvante
Micaëlaregardant autour d'elle
Je dis que rien ne m'épouvante,
je dis, hélas! que je réponds de moi;
mais j'ai beau faire la vaillante,
au fond du coeur, je meurs d'effroi!
Seule en ce lieu sauvage,
toute seule j'ai peur,
mais j'ai tort d'avoir peur;
vous me donnerez du courage,
vous me protégerez, Seigneur!
Je vais voir de près cette femme
dont les artifices maudits
ont fini par faire un infâme
de celui que j'aimais jadis!
Elle est dangereuse... elle est belle!...
Mais je ne veux pas avoir peur!
Non, non, je ne veux pas avoir peur!...
Je parlerai haut devant elle... ah!
Seigneur, vous me protégerez!
Seigneur, vous me protégerez! ah!
Je dis que rien ne m'épouvante,
je dis, hélas! que je réponds de moi;
mais j'ai beau faire la vaillante,
au fond du coeur je meurs d'effroi!
Seule en ce lieu sauvage,
toute seule j'ai peur,
mais j'ai tort d'avoir peur;
vous me donnerez du courage,
vous me protégerez, Seigneur!
Protégez moi! O Seigneur!
donnez moi du courage!
Protégez moi! O Seigneur!
protégez moi, Seigneur!
11. Scene 6: Holà! José... ... ...
Le torero glisse et tombe [sur le gazon. Don José va le frapper]. Entrent Carmen et le Dancaïre, arréte le bras de don José. Le torero se relève; le Remendado, Mercédès, Frasquita et les contrebandiers rentrent pendant ce temps.
Carmen
Holà! holà! José!
Le torero se relèvant [galant]
Vrai! j'ai l'âme ravie
que ce soit vous, Carmen, qui me sauviez la vie!
Carmen
Escamillo!
Le toreroà don José
Quant à toi, beau soldat:
nous sommes manche à manche, et nous jouerons la belle,
oui, nous jouerons la belle
le jour où tu voudras reprendre le combat.
Le Dancaïre [s'interposant]
C'est bon, c'est bon! plus de querelle!
Nous, nous allons partir.
Au toréro
Et toi... et toi l'ami, bonsoir!
Le torero
Souffrez au moins qu'avant de vous dire au revoir
je vous invite tous aux courses de Séville,
je compte pour ma part y briller de mon mieux...
[avec intention]
Et qui m'aime y viendra!
et qui m'aime y viendra!
À Don José qui fait un geste de menace [froidement]
L'ami, tiens-toi tranquille!
[regardant Carmen]
J'ai tout dit...
oui, j'ai tout dit...et je n'ai plus ici qu'à faire mes adieux!...
Jeu de scène. Don José veut s'élancer sur le torero. Le Dancaïre et le Remendado le retiennent. Le torero sort très-lentement.
José à Carmen [menaçant, mais contenu]
Prends garde à toi... Carmen, je suis las de souffrir!
Carmen lui répond par un léger mouvement d'épaules et s'éloigne de lui.
Le Dancaïre
En route, en route, il faut partir!
Choeur
En route, en route, il faut partir!
Le Remendado
Halte! quelqu'un est là qui cherche à se cacher.
Il amène Micaëla.
Carmen
Une femme!
Le Dancaïre
Pardieu! la surprise est heureuse!
José reconnaissant Micaëla
Micaëla!
Micaëla
Don José!
José
Malheureuse!
Que viens-tu faire ici?
Micaëla
Moi! je viens te chercher!
Là-bas est la chaumière
où sans cesse priant,
une mère, ta mère,
pleure, hélas! sur son enfant!
Elle pleure et t'appelle,
elle pleure et te tend les bras!
Tu prendras pitié d'elle,
José, ah! José, tu me suivras!
Carmen[à Don José, martelé]
Va-t'en, va-t'en, tu feras bien,
notre métier ne te vaut rien!
Joséà Carmen
Tu me dis de la suivre!
Carmen
Oui, tu devrais partir!
José
Tu me dis de la suivre...
pour que toi tu puisses courir
après ton nouvel amant!
Non! non vraiment!
[résolument]
Dût-il m'en coûter la vie,
non, Carmen, je ne partirai pas!
Et la chaîne qui nous lie
nous liera jusqu'au trépas!...
Dût-il m'en coûter la vie,
non, non, non, je ne partirai pas!
/ Micaëla
| Écoute-moi, je t'en prie,
| ta mère te tend les bras!
| Cette chaîne qui te lie,
| José, tu la briseras!
| Frasquita, Mercédès, le Remendado, le Dancaïre, Choeur (SATB)
| Il t'en coûtera la vie,
| José, si tu ne pars pas,
| et la chaîne qui vous lie
\ se rompra par ton trépas!
José[à Micaëla]
Laisse-moi!
Micaëla
Hélas! José!
José
Car je suis condamné!
Frasquita, Mercédès, le Remendado, le Dancaïre, Choeur
José! prends garde!
José[avec emportement]
Ah! je te tiens, fille damnée!
Je te tiens, et je te forcerai bien
a subir la destinée
qui rive ton sort au mien!
Dût-il m'en coûter la vie,
non, non, non, je ne partirai pas!
Frasquita, Mercédès, le Remendado, le Dancaïre, Choeur
Ah! prends garde, prends garde, Don José!
Micaëla[avec autorité]
Une parole encore;
[tristement]
ce sera la dernière!
Ta mère, hélas!
ta mère se meurt... et ta mère
ne voudrait pas mourir sans t'avoir pardonné!
José
Ma mère! elle se meurt!
Micaëla
Oui, Don José!
José
Partons! ah! partons!
À Carmen
Sois contente... je pars... mais... nous nous reverrons!
Il entraine Micaëla. On entend le torero.
Le toreroau loin
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador, l'amour, l'amour t'attend!
Toréador, l'amour t'attend,
José s'arréte au fond, dans les rochers. [Regardant Carmen qui écoute,] Il hésite, puis après un instant [résolument]:
/ José
| Micaëla, partons!
| Le torero
\ l'amour t'attend!
Carmen écoute et se penche sur les rochers. Les Bohémiens ont pris leurs ballots et se mettent en marche.
12. Entracte (avant le 2e tableau)
13. Scene 2: C'est toi! C'est moi! (Duo final, Carmen, Don José)
Carmen[bref]
C'est toi!
José
C'est moi!
Carmen
L'on m'avait avertie
que tu n'étais pas loin, que tu devais venir;
l'on m'avait même dit de craindre pour ma vie;
mais je suis brave! je n'ai pas voulu fuir!
José
Je ne menace pas! j'implore... je supplie!
Notre passé, Carmen, notre passé, je l'oublie!...
Oui, nous allons tous deux
commencer une autre vie,
loin d'ici, sous d'autres cieux!
Carmen
Tu demandes l'impossible!
Carmen jamais n'a menti!
Son âme reste inflexible;
entre elle et toi... c'est fini!
Jamais je n'ai menti!
entre nous c'est fini!
José
Carmen, il est temps encore,
oui, il est temps encore...
O ma Carmen, laisse-moi
te sauver, toi que j'adore,
ah! laisse-moi te sauver
et me sauver avec toi!
Carmen
Non! je sais bien que c'est l'heure,
je sais bien que tu me tueras;
mais que je vive ou que je meure,
non, non, non, je ne te céderai pas!
/ José
| Ah! il est temps encore...
| oui, il est temps encore...
| O ma Carmen, laisse-moi
| te sauver, toi que j'adore!
| ah! laisse-moi te sauver
| et me sauver avec toi...
| O ma Carmen, il est temps encore...
| ah! laisse-moi te sauver, Carmen,
| ah! laisse-moi te sauver,
| toi que j'adore!
| Et me sauver avec toi!
| Carmen
| Pourquoi t'occuper encore
| d'un coeur qui n'est plus à toi!
| Non, ce coeur n'est plus à toi!
| En vain tu dis: je t'adore!
| Tu n'obtiendras rien, non, rien de moi,
| ah! c'est en vain...
\ Tu n'obtiendras rien, rien de moi!
José[avec anxiété]
Tu ne m'aimes donc plus?
Silence de Carmen et don José répète [avec désespoir]
Tu ne m'aimes donc plus?
Carmen[simplement]
Non! je ne t'aime plus.
José [avec passion]
Mais moi, Carmen, je t'aime encore,
Carmen, hélas! moi, je t'adore!
Carmen
A quoi bon tout cela? que de mots superflus!
José
Carmen, je t'aime, je t'adore!
Eh bien! S'il le faut, pour te plaire,
je resterai bandit... tout ce que tu voudras...
Tout! tu m'entends... tout, tu m'entends... tout! Mais ne me quitte pas,
o ma Carmen! ah! souviens-toi,
souviens-toi du passé! Nous nous aimions, naguère!
[désespéré]
Ah! ne me quitte pas, Carmen,
ah! ne me quitte pas!
Carmen
Jamais Carmen ne cédera!
Libre elle est née et libre elle mourra!
Choeur et fanfares dans le cirque
Viva!
Viva!
Viva! la course est belle!
Sur le sable sanglant
le taureau qu'on harcèle
s'élance en bondissant...
Viva!
Viva!
Bravo!
Bravo!
Bravo!
Victoire!
Victoire!
Victoire!
Victoire!
Victoire!
Pendan ce choeur, silence de Carmen et de don José... Tous deux écoutent... En entendant les cris de: ``Victoire, victoire!'' Carmen a laissé échapper un ``Ah!'' d'orgueil et de joie... Don José ne perd pas Carmen de vue... Le choeur terminé, Carmen fait un pas du côté du cirque.
José se plaçant devant elle
Où vas-tu?
Carmen
Laisse-moi.
José
Cet homme qu'on acclame,
c'est ton nouvel amant!
Carmen voulant passer
Laisse-moi... laisse-moi...
José
Sur mon âme,
Tu ne passeras pas,
Carmen, c'est moi que tu suivras!
Carmen
Laisse-moi, don José, je ne te suivrai pas.
José
Tu vas le retrouver, dis...
[avec rage]
tu l'aimes donc?
Carmen
Je l'aime!
Je l'aime et devant la mort même,
je répèterais que je l'aime!
Fanfares et reprise du Choeur dans le cirque
Viva!
Bravo!
Bravo! victoire!
Frappe juste en plein coeur!
Le taureau tombe!
Gloire!
Gloire au torero vainqueur!
Victoire!
José[avec violence]
Ainsi, le salut de mon âme
je l'aurai perdu pour que toi,
pour que tu t'en ailles, infâme,
entre ses bras rire de moi!
Non, par le sang, tu n'iras pas!
Carmen, c'est moi que tu suivras!
Carmen
Non, non! jamais!
José
Je suis las de te menacer!
Carmen[avec colère]
Eh bien! frappe-moi donc, ou laisse-moi passer.
Choeur
Victoire!
Victoire!
Victoire!
Victoire!
José[éperdu]
Pour la dernière fois, démon,
veux-tu me suivre?
Carmen
Non! non!
[à demi voix, avec rage]
Cette bague, autrefois, tu me l'avais donnée...
Tiens!
elle la jette à la volée
Joséle poignard à la main, s'avançant sur Carmen
Eh bien! damnée!
Carmen recule... José la poursuit... Pendant ce temps fanfares et choeur dans le cirque
Victoire!
Victoire!
Bravo!
Bravo!
Ah!
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador, l'amour t'attend!
José a frappé Carmen... Elle tombe morte... Le vélum s'ouvre. La foule sort du cirque.
José[se levant]
Vous pouvez m'arréter... c'est moi qui l'ai tuée!
Escamillo paraît sur les marches du cirque [entouré de la foule qui s'acclame, entr'elle Mercédès, Frasquita, Zuniga, Andrès. Escamillo aperçoit Carmen étendue morte par terre].
Ah! Carmen! ma Carmen adorée!
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12 (**) fichiers FLAC, 2 fichiers CUE (*) et 1 fichier PDF dans 1 fichier ZIP
(*) 1 fichier CUE pour les fichiers décomprimés en WAV et 1 fichier CUE pour les fichiers comprimés FLAC, si votre logiciel peut utiliser directement les fichiers FLAC.
(**) La Marche des contrebandiers (extrait No 8) et le début du trio des cartes (extrait No 9) sont joués enchaînés, les deux extraits sont donc dans un seul fichier FLAC
Provenance: Musical Masterpiece Society MMS-2009 / OP4
Recto de la pochette du disque MMS-2009
Recto de la pochette du disque M2009 / OP4
Étiquette recto du disque MMS-2009 / OP4
Étiquette verso du disque MMS-2009 / OP4