Mon Musée Musical - 2e partie Lalo Op 21 Grumiaux

Photo illustrant l'en-tête de cette rubrique: Parigi, ritratto di Jean Fournet con dedica all'allievo Bruno Amaducci, giugno 1950. Dedica: "A mon cher élève Bruno Amaducci. Au musicien si sensible et à l'homme si charmant. Avec tous mes voeux sincères pour une belle carrière. Très amicalement. Jean Fournet". Studio fotografico Paul Simonet, Archivio privato Bruno Amaducci, reproduite sur cette page du site de la Phonothèque Suisse.

Edouard LALO
Symphonie espagnole en ré mineur, Op. 21
Arthur GRUMIAUX
Orchestre Lamoureux, JEAN FOURNET
juin 1954, Philips G 03 010 L

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Cette Symphonie espagnole - en réalité un concerto plutôt qu'une symphonie - met en oeuvre, très librement, des mélodies sortant du fond populaire espagnol - l'Espagne étant lointainement la patrie de Lalo, né à Lille d'une famille espagnole (qui s'installa dans le Nord pendant la conquête des Flandres). La composition n'est en fait espagnole ni par ses thèmes ni par ses sonorités, mais par certaines tournures rythmiques, par l'atmosphère à la fois claire et langoureuse, âpre et tendre, qui la parcourt, donc par un coloris général. On retrouve toutefois par endroits des citations claires, comme par exemple dans l'Intermezzo central: "[...] la mélodie mélancolique de cette habanera se retrouve presque note pour note dans le recueil de Yradier {*}. La structure mélodique et rythmique de l'andante qui suit s'inspire elle aussi nettement du folklore ibérique. [...] Michael Stegemann, extrait du texte publié au verso de la pochette du disque DGG 2532 011 (Symphonie Espagnole op.21 Violin & Orch. & Berlioz - Reverie et Caprice op.8 Violin & Orch. - Itzhak Perlman Violin, Orch. de Paris, Daniel Barenboim)

{*} Recueil "Fleurs d'Espagne" de Sebastian de Yradier

L'oeuvre fut commandée à Lalo par le grand violoniste espagnol Pablo de Sarasate, qui la donna en première audition aux Concerts du Châtelet (Paris) le 7 février 1875, un très grand triomphe! C'est certainement le style de Sarasate - que Lalo connaissait bien depuis la première audition de son concerto en fa majeur avec Pablo de Sarasate en soliste - qui inspira à Lalo quelques-uns des passages les plus célèbres de sa Symphonie.

"[...] Après une courte introduction dramatique, l'«Allegro non troppo» confie vite au violon une série de traits éclatants alternant avec un chant passioné, le tout sous le signe d'une grande mobilité rythmique. Suit un «Scherzando» vif et capricieux, au ryhtme de Seguedille, où la partie d'orchestre, en pizzicati coupés d'accords incisifs, est marquée par de curieux déplacements des temps forts. Un sommet émotionnel est atteint avec l'«Andante», sombrement coloré par les cordes graves et les cuivres puis évoluant dans une plénitude croissante. Le «Rondo» final suffirait à assurer le succès de l'oeuvre. C'est là que Lalo, par un climat de fête bigarrée immédiatement suggéré par une thème de basson, par une «Malaguena» d'allure voluptueuse faisant office d'épisode central, annonce le plus ses successeurs, qu'ils aient pour nom Rimsky-Korsakov ou même Maurice Ravel [...]" Citation extraite d'un texte publié au verso de la pochette du disque CBS MP 38761 (Lalo, Bruch, Zino Francescatti, NY Phil., Mitropoulos, Schippers).

En 1879, quatre ans après la première audition de sa «Symphonie Espagnole», Lalo écrivait à l'accompagnateur de Sarasate, Otto Goldschmidt: "[...] Artistiquement, un titre ne signifie rien; l'oeuvre seule compte; il s'agit là d'un principe absolu; mais, commercialement, un titre usé, inapproprié produit toujours un effet défavorable. J'ai tenu, envers et contre tous, au titre de «Symphonie Espagnole» tout d'abord parce qu'il me semblait exprimer le plus clairement mes intentions musicales - c'est-à-dire le déploiement d'un violon solo planant au-dessus de la forme rigide de la symphonie traditionnelle - et ensuite parce que ce titre était moins banal que tous ceux qui me furent proposés. Les criailleries de la critique sont oubliées ou en voie de l'être; le titre, lui, survivra et Hans von Bülow m'a écrit, dans une lettre de félicitations, que ce titre heureusement choisi assurait à mon oeuvre une position privilégiée par rapport à toutes les autres [...]" cité d'un texte de Paul Hume publié au verso de la pochette du disque RCA LSC 3073 B (Lalo - Symphonie Espagnole, Ravel - Tzigane, Itzhak Perlman, LSO, Andre Previn)

L'oeuvre se compose de cinq mouvements dont le troisième, «Intermezzo», était - dans le milieu du siècle passé - fréquemment omis, tant au concert qu'au disque. Omis au concert car n'étant pas du goût du soliste, et omis au disque parce que celà permettait de mettre la Symphonie Espagnole ainsi racourcie soit sur un disque de 25cm, soit sur une seule face de disque 30cm.

La partition de l'oeuvre peut être téléchargée sur cette page de l'IMSLP.

Grumiaux Lalo Op21 Grumiaux Lamoureux Fournet Philips G 05348 R Extrait

Arthur Grumiaux, portrait paru - entre autres - sur la pochette
du disque 25cm Philips G 05348 R

Dans l'interprétation que je vous en propose l'«Intermezzo» central est omis, comme c'était généralement l'habitude à cette époque. Le soliste est Arthur GRUMIAUX, il est accompagné par l'Orchestre Lamoureux sous la direction de Jean FOURNET.

D'après cette page du site de la Fondation Grumiaux l'enregistrement a été fait à Paris en juin 1954.

À noter qu'il existe un autre enregistrement de cette oeuvre sous la direction de Jean Fournet, plus ancien: Orchestre de l'Association des Concerts Colonne, Yehudi Menuhin en soliste, disques 78 tours de la Voix de son Maître, repris plus tard sur 33 tours, 4-9 avril 1947, Théâtre des Champs-Élysées, Paris (voir par exemple cette page pour quelques détails sur les diverses éditions). Est-ce-que Jean Fournet l'a enregistré plus tard en stéréo? Je n'ai pas encore pu trouver de réponse définitive à cette question: si une personne visitant cette page devait en savoir plus, toutes informations m'intéressent -> Vos remarques!

Arthur Grumiaux a enregistré une deuxième fois cette oeuvre, en stéréo, avec l'Orchestre des Concerts Lamoureux dirigé par Manuel Rosenthal (Paris, avril 1963, voir par exemple cette page).

L'enregistrement de 1954 parait l'année suivante sur les disques Philips A 00228 L (photo de la pochette à gauche en haut, et au bas de cette page) et Epic LC 3082, avec la Symphonie espagnole de Lalo sur la première face, le Poême Op.25 de Chausson et la Tzigane de Ravel sur l'autre face. La parution est par exemple annoncée dans la revue «The Gramophone» d'avril 1955, en page 475 dans la rubrique «Letter from America» pour le disque Epic, et d'octobre 1956 pour une édition Philips; le disque - dans l'édition sur Philips ABL 3126 - est présenté dans la même revue de novembre 1956, en page 201.

Pour cette restauration c'est un exemplaire de l'édition sur le disque G 03 010 L qui a été utilisé (photo de la pochette et des étiquettes à gauche et au bas de cette page).

Voici donc...

Edouard Lalo, Symphonie espagnole en ré mineur, Op. 21, Arthur Grumiaux, Orchestre Lamoureux, Jean Fournet, juin 1954, Philips G 03 010 L (1. Allegro non troppo 07:26, 2. Scherzando. Allegro molto 04:15, 4. Andante 06:18, 5. Rondo. Allegro 08:17)

que vous pouvez obtenir en...

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