Antonin DVORAK
Concerto pour violoncelle en si mineur, op. 104, BV 191
Antonio JANIGRO
Orchestre de l'Opéra d'État de Vienne, Dean DIXON
Vega C30A85
Anton Dvorak esquissa un premier concerto pour violoncelle en 1865, à l'âge de 23 ans, mais ne l'orchestra pas. C'est seulement près de 30 ans plus tard, en 1894 lors de son second séjour à New-York, qu'il se mit à écrire le concerto en si mineur, qui restera son seul concerto pour violoncelle achevé.
Il en commençe la composition au 325 East 17th Street, dans le même appartement où 18 mois plus tôt il avait composé sa célèbre 9e symphonie. Mais à l'opposé de cette symphonie où Dvorak exprime ses impressions américaines, le Concerto pour violoncelle est tout inspiré par la patrie bohémienne. Dvorak commençe donc l'oeuvre en novembre 1894 et l'achève l'année suivante, après son retour dans sa patrie.
Pour les problèmes de technique instrumentale, il consulta Alwin Schroder, premier violoncelle de l'Orchestre symphonique de Boston. Pendant la composition il apprit que sa belle-soeur Josefina, qu'il portait en forte affection, était gravement malade. Ceci l'amena à introduire au milieu du second mouvement, la mélodie de sa chanson «Laisse-moi seul» que sa belle-soeur aimait beaucoup. Peu après son retour en Bohème au printemps de 1895, elle mourut; poussé par le deuil, Dvorak laissa de côté un bref passage vers la fin du mouvement final, le remplaçant par 60 mesures nouvelles qui se réfèrent à nouveau, de façon touchante, à la même chanson (ref.: texte publié au verso de la pochette du disque Philips 6598 833).
Le concerto, dédié à son ami le violoncelliste Hanus Wihan, fut donné en première audition dans le Queen's Hall de Londres, le 19 mars 1896, avec Leo Stern en soliste (en remplacement de Hanus Wihan, ayant un autre engagement à ce moment) et le compositeur à la tête de l'orchestre de la société philharmonique.
Une courte description extraite des notes rédigées par Steven Isserlis en 2013 pour Hyperion dans une traduction de Marie-Stella Pâris:
"[...] À propos du concerto lui-même, il n’y a pas grand-chose à dire; la puissance de son parcours émotionnel, qui s’exprime avec cette simplicité et ce côté direct caractéristiques du langage populaire de Dvorák, écarte toute idée de description. L’écriture orchestrale, avec des solos de flûte et de clarinette particulièrement importants, est aussi imposante que dans les symphonies de Dvorák. Du début très grave à la fin triomphale en passant par l’apparition magique du second sujet confié au cor, l’entrée héroïque du violoncelle en si majeur, le début exaltant de la réexposition avec une transformation progressive du second sujet, le premier mouvement offre un mélange irrésistible d’épopée et de confession touchante.
Dans le deuxième mouvement en sol majeur, on sent certainement le mal du pays dont souffrait Dvorák à l’égard de sa chère Bohême. La nostalgie et l’amour de la nature semblent encadrer chaque note, en particulier dans le doux thème initial, ainsi que dans le chant des oiseaux que l’on entend au cours de la cadence accompagnée et qui orne le retour de la première section.[...]
Le finale est un rondo à grande échelle doté, comme l’indique le programme de la création, d’un «sujet d’une plénitude presque embarrassante». Bon, peut-être pas embarrassante, mais Dvorák fait apparaître comme par magie, l’un après l’autre, des thèmes d’une ravissante beauté - notamment un troisième sujet dans la tonalité pastorale de sol majeur du mouvement lent imprégné d’un parfum de retour à la maison qui, si le concerto était resté sous sa forme d’origine, aurait poussé l’oeuvre vers une joyeuse conclusion.
Toutefois, la fin du concerto allait subir une transformation. Un mois après le retour de Dvorák en Bohême, Josefina mourrait; et à sa mémoire, il prolongea la coda finale avec des réminiscences du premier comme du deuxième mouvement—notamment une autre citation de la mélodie qu’elle aimait tant, confiée cette fois à un solo de violon, sur un accompagnement de hautbois et de clarinettes [...]. Même après coup, cela change l’impression d’ensemble du concerto; une oeuvre qui aurait pu avoir un caractère largement festif se trouve teintée d’un sentiment d’adieu. Il est intéressant de comparer cette coda à une autre fin profondément émouvante d’un concerto pour violoncelle, celui d’Elgar. Dans ce dernier, on sent que la coda est une part essentielle du plan général de l’oeuvre; dans celui de Dvorák, on peut avoir l’impression qu’il s’agit d’une pensée après coup - mais elle n’en est pas moins déchirante.[...]" citations extraites des notes rédigées par Steven Isserlis en 2013 pour Hyperion dans une traduction de Marie-Stella Pâris.
La partition de l'oeuvre peut être téléchargée sur cette page de l'IMSLP.
Le splendide enregistrement que je vous en propose provient d'une radiodiffusion de la belle époque - hélas bien révolue... - des 33 tours diffusés à la radio... Selon le présentateur de l'émission il s'agissait du disque Vega C30A85 (paru vers 1957). Je n'ai eu à faire que quelques corrections manuelles (j'ai préféré de ne pas corriger le bruit de surface par endroits un peu marqué, ceci étant trop délicat) et un léger DeClick avec ClickRepair.
Le soliste est Antonio JANIGRO, Dean DIXON dirige l'Orchestre de l'Opéra d'État de Vienne.
La première parution date de 1954, sur Westminster WL 5225 resp. Nixa WLP 5225 (Ref.: 3e suppl. WERM 1953-1955, page 149), photos des pochettes à gauche.
Cette parution est annoncée dans la revue The Gramophone de janvier 1954 (page 276, rubrique Letter from America de Harold C. Schonberg); le disque est présenté dans la même revue en juin 1954, page 11 (voir au bas de cette page), il est qualifié de «first-class in every way» et «the first fully recommendable LP version of one of Dvorak's most lovely works»!
Voici donc...
Antonin Dvorak, Violoncellokonzert in h-moll, Op. 104, BV 191, Antonio Janigro, Wiener Staatsopernorchester, Dean Dixon, Vega C30A85 (1. Allegro 15:10, 2. Adagio man non troppo 12:18, 3. Finale. Allegro moderato 13:00)
que vous pouvez obtenir en...
pour un téléchargement libre, depuis mon site
Radiodiffusion (Vega C30A85) -> WAV -> léger DeClick avec ClickRepair (l'excellent logiciel de Brian Davies), quelques réparations manuelles -> FLAC
3 fichiers FLAC, 2 fichiers CUE (*) et 1 fichier PDF dans 1 fichier ZIP
(*) 1 fichier CUE pour les fichiers décomprimés en WAV et 1 fichier CUE pour les fichiers comprimés FLAC, si votre logiciel peut utiliser directement les fichiers FLAC.
Antonio JANIGRO, photo parue entre autres sur la pochette
du disque Westminster XWV 18350
Antonio JANIGRO, photo parue entre autres sur la pochette
du disque Westminster XWV 18350
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Dean DIXON, photo parue entre autres sur la pochette
du disque Musicaphon BM 30 SL 1702
Dean DIXON, photo parue entre autres sur la pochette
du disque Musicaphon BM 30 SL 1702
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Recto de la pochette du disque Westminster WL 5225
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Recto de la pochette du disque Nixa WLP 5225
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Extrait de la revue The Gramophone de juin 1954, page 11
Extrait de la revue The Gramophone de juin 1954, page 11
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