À droite: Ernest Ansermet, avril 1958, © Boris Lipnitzki / Roger-Viollet, utilisation autorisée dans le cadre de l’illustration de sites internet personnels à vocation non commerciale, Numéro d'image: 71964-55, Numéro d'inventaire: LIP-2003-016, Numéro d'image: 71965-9, Numéro d'inventaire: LIP-2003-029.
À gauche: Gabriel Fauré, Ch. Reutlinger, Paris, Auteur: Reutlinger, Charles (1816-1880?). Photographe, Date d'édition: 1900, tirage d'après l'original 17 x 12 cm, Droits: domaine public, Identifiant: ark:/12148/btv1b8417644r, Source: Bibliothèque nationale de France.
Gabriel Fauré sur son requiem:
"[...]Mon Requiem, on a dit qu’il n’exprimait pas l’effroi de la mort, quelqu’un l’a appelé une berceuse de la mort. Mais c’est ainsi que je sens la mort: comme une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d’au-delà, plutôt que comme un passage douloureux... Mon Requiem a été composé pour rien... pour le plaisir si j'ose dire... Peut-être ai-je ainsi, d’instinct, cherché à sortir du convenu, voilà si longtemps que j’accompagne à l’orgue des services d’enterrement! J’en ai par-dessus la tête. J’ai voulu faire autre chose [...]"
À l'origine cette citation a été publiée dans Comoedia, 1954, page 6, provenant d'un interview de Gabriel Fauré fait par Louis Aguettant le 12 juillet 1902.
“Sortir du convenu”, “faire autre chose”: Gabriel Fauré renouvelle une forme de composition traditionnelle en renonçant aux couleurs sombres du classicisme finissant (Requiem de Mozart) et aux violents contrastes du romantisme (Requiem de Berlioz); il leur substitue des tons variés, à peine assourdis par le caractère funèbre de l’office.
On a souvent remarqué l'absence de la prose du Dies Irae où se résumait jusqu’alors la Messe de Requiem, la répugnance du musicien pour les foudres du Dies Irae n’est pas une raison valable, bien quelle soit toujours avancée, car le musicien ne reculera nullement devant les terribles premiers versets du Dies Irae repris dans le texte du Libera me; il est plus probable que Fauré a renoncé au Dies Irae pour des raisons d’ordre musical: on avait tant composé de Dies Irae qu’il était souhaitable de “faire autre chose”, d’autre part le texte de la Prose des morts représentait de réelles difficultés par sa longueur.