Ludwig van BEETHOVEN
Concerto pour piano et orchestre No 3, op. 37
Rudolf FIRKUŠNÝ, piano
Orchestre Royal du Concertgebouw Amsterdam
Rafel KUBELÍK
4 septembre 1959, Salle du Pavillon, Montreux
-► Carl Maria von Weber, Ouverture d'Euryanthe
-► Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano et orchestre No 3, Op. 37
-► Hector Berlioz, Symphonie fantastique, Op.14a
Cité du compte-rendu de Henri JATON publié le lendemain dans la Tribune de Lausanne en page 3:
"[...] Porteur d'un nom illustre, qui perpétue pour nous le souvenir du prestigieux violoniste que fut Jan Kubelik, le jeune et talentueux chef que nous applaudissions hier à la Grande Salle des Concerts montreusienne, poursuit brillamment la tradition héritée de son père, en figurant depuis quelque dix ans déjà parmi les conducteurs les plus doués de sa génération.
Plusieurs exploits ont déjà consacré cette réussite, tel le poste que Raphaël Kubelik occupa, durant plusieurs saisons, à la tête de l'Orchestre Symphonique de Chicago. Aujourd'hui, Kubelik est devenu l'hôte traditionnel de la plupart des grandes associations orchestrales européennes; et c'est ainsi qu'il sera appelé au cours de ce prochain hiver, à remplacer le regretté Edouard van Beinum, à la tête de l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, en compagnie de Charles Münch, Georg Solti, Kari Böhm et Peter Maag.
J'ai cité l'Orchestre du Concertgebouw: il s'agit, en l'occurrence, non point simplement d'une référence, mais d'une réalité que nous vivions hier soir, puisque l'illustre ensemble hollandais, reprenant la succession de l'OSR, qui nous avait comblés mercredi, apparaissait pour la première fois à l'estrade du Septembre musical
Que dire de l'Orchestre du Concertgebouw? Qu'il figure parmi les meilleures associations symphoniques de notre temps? Ce serait là une appréciation par trop simpliste, et qui pourrait s'appliquer aussi bien aux fameux groupements de New York, Boston ou Philadelphie...
Non: ce sont des qualités typiques et précises auxquelles je veux faire allusion, et qui m'étaient apparues à Amsterdam déjà, dans le cadre de ce beau Festival de Hollande dont je ne suis pas près de perdre le souvenir...
Ce qu'il faut désigner avant tout, parmi les vertus propres à l'Orchestre du Concertgebouw, c'est la splendeur incomparable de ses cuivres, qui peuvent légitimement soutenir la comparaison avec les meilleurs registres du genre, tels ceux de la Philharmonique de Berlin.
Peut-être cette sonorité unique dont témoignent cor, trompettes et trombones hollandais suscite-t-elle l'homogénéité parfaite qu'atteste l'Orchestre d'Amsterdam, et que nous avions tout loisir d'apprécier en écoutant un programme bien fait pour mettre en pleine valeur les splendides ressources de la formation symphonique, hôte désormais du Festival montreusien.
Et ce même programme se révélait également, convenant parfaitement au tempérament et à la manière du chef chargé d'en assumer la présentation.
Il ne me paraît guère douteux, en effet que ce sont les oeuvres d'élan et de bravoure qui correspondent au mieux à la nature infiniment généreuse de Raphaël Kubelik. À ce propos, on n'aurait pu souhaiter choix meilleur que celui qui nous était proposé, à savoir: l'Ouverture d'Euryanthe de Carl-Maria von Weber et la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz.
Weber et Berlioz traduisent l'un et l'autre, on le sait, deux notions totalement opposées du romantisme. Si, à l'aube du XIXe siècle, l'auteur d'Obéron crée de toutes , pièces, l'expression lyrique qui lui est propre, et s'il cède à une émancipation harmonique indiscutable, il demeure malgré tout foncièrement classique dans l'usage des formes dont il use.
Hector Berlioz au contraire, pourfend ce classicisme qu'il identifie à un académisme et à un dogmatisme desséchés... À ses yeux, la musique n'accomplit sa mission authentique que si elle exprime des sentiments subjectifs, dont l'évocation s'accomplit selon un plan préétabli: la musique à programme est tout entière désignée dans ce postulat, dont la Symphonie fantastique représente l'illustration la plus éloquente.
On conçoit aisément que, dans ces conditions-là, l'interprète que requiert ce genre de répertoire est celui pénétré de cet état de grâce qui se nomme: la ferveur et la conviction.
Raphaël Kubelik, de par son caractère même, obéit à ces sollicitations. Le commentaire qu'il nous offrit de la Symphonie fantastique, se révéla étonnant d'ardeur et de vie, préservant ainsi l'oeuvre de tout ce qui, dans son mode d'inspiration, pourrait porter la marque de l'usure et le signe d'une époque dépassée...
Spontanément à l'aise, face à des instrumentistes qui le connaissent bien, Raphaël Kubelik remporta un éclatant succès que l'on pouvait considérer également comme étant celui de la magnifique phalange du Concertgebouw, qui nous a révélé éloquemment hier soir ce que nous pouvions attendre d'elle...
Quant au soliste de ce deuxième concert du Festival, Rudolf Firkusny, il exécutait l'une des oeuvres les plus populaires du répertoire pianistique, c'est-à-dire le troisième concerto en ut mineur de Beethoven, dont il nous proposa une traduction merveilleuse de netteté et de précision rythmique, mise en pleine valeur par un accompagnement orchestral que Kubelik ordonna avec un soin particulier.
Aussi bien Firkusny, Kubelik et l'ensemble du Concertgebouw furent-ils associés en toute justice dans les acclamations enthousiastes que leur dédia un auditoire enchanté. [...]"
Pour une présentation du concerto de Beethoven, voir cette page de mon site avec un enregistrement datant de 1949, Hans MÜLLER-KRAY dirigeant l'Orchestre Symphonique de la Radio de l'Allemagne du Sud, avec Eduard ERDMANN en soliste.
Rudolf FIRKUŠNÝ et Rafael KUBELÍK
Le concert fut diffusé le surlendemain sur l'émetteur de Sottens (sans l'ouverture d'Euryanthe):
Ludwig van Beethoven, Concerto pour piano et orchestre No 3 en do mineur, op. 37, Rudolf Firkušný, piano, Orchestre Royal du Concertgebouw Amsterdam, Rafael Kubelík, 4 septembre 1959, Salle du Pavillon, Montreux
1. Allegro con brio 16:17 (-> 16:17)
2. Largo 09:08 (-> 25:25)
3. Rondo. Allegro 09:05 (-> 34:30)