César FRANCK
Sonate pour violon et piano en la majeur, FWV 8
Louis KAUFMAN, violon, Hélène PIGNARI, piano
Août 1954, Canton de Zürich, MMS 2066
La Sonate pour violon et piano en la majeur FWV 8 a été composée pendant l'été 1886 - César Franck était âgé de soixante-trois ans, et au sommet de son art; l'oeuvre est dédiée au violoniste belge Eugène Ysaÿe - un cadeau pour son mariage avec Louise Bourdeau (28 septembre 1886, Arlon à la frontière entre la Belgique et le Luxembourg). Eugène Ysaÿe la donna en première audition avec Marie-Léontine Bordes-Pène le 16 décembre 1886, dans le cadre d'un concert organisé par le Cercle artistique de Bruxelles et donné au Musée moderne de la peinture de Bruxelles. La première audition publique en France eut lieu à Paris le 5 mai 1887, à la Société moderne, par son dédicataire.
En s’inspirant de Liszt, Franck utilise une structure cyclique (il a été suggéré qu’une partie de son matériau pourrait provenir d’une sonate pour violon plus ancienne et perdue, promise à la fille de Liszt, Cosima, quelque vingt-huit ans plus tôt).
Elle est considérée comme étant le premier et le plus pur modèle de l’emploi cyclique des thèmes dans la forme sonate: bien qu’il existât déjà certaines oeuvres à caractères cycliques, Franck fut le premier à aller aussi loin. Ses thèmes sont transformés non seulement au sein d’un seul mouvement mais apparaissent sous différentes formes tout au long des quatre mouvements, conférant une unité à l’oeuvre.
"[...] Le mouvement initial, Allegretto moderato, est une forme sonate à deux thèmes sans développement. Le piano installe le climat et l’harmonie, sur quatre mesures, avant l’entrée du premier thème au violon. Un chant souple, berceur, s’étire et s’élève sur la base de la cellule cyclique dont le rythme se répète de façon quasi obsédante. Le deuxième thème est amené au piano avec conviction pendant le silence du violon. Les deux thèmes se réunissent pour conclure dans l’apaisement.
L’Allegro, construit en trois parties – forme Lied ou allegro de sonate, les avis divergent sur ce point –, est le mouvement le plus passionné de la sonate. Le piano installe à nouveau le climat, palpitant avec des traits nerveux, avant de présenter le premier thème, particulièrement lyrique. Le violon le répète, haletant. Le deuxième thème, au violon, se fonde sur la petite phrase rendue instable par l’accompagnement en triolets au piano. Tous les éléments musicaux vont dialoguer en crescendo jusqu’à la coda rapide et puissante.
Franck laisse courir son imagination dans l’immense récitatif libre, lyrique et intense qu’est le Recitativo-Fantasia. Une fois encore, la cellule cyclique revient et nourrit l’ensemble du mouvement.
Après des interventions successives, les parties de piano et de violon se superposent jusqu’au point central, plus dramatique, avant la coda finale qui rappelle la phrase initiale dans des nuances pianissimo.
Si le troisième mouvement est libre formellement, l’Allegretto poco mosso final reprend la forme traditionnelle du rondeau à la française, avec l’alternance de couplets et du refrain. L’idée de Franck est de jouer sur des tonalités sans cesse différentes (successivement la majeur, si bémol mineur, ré dièse mineur, fa mineur).
Le thème du refrain, doux et chantant, est énoncé en canon entre le piano et le violon.
Le développement central, tumultueux et de caractère inquiet, laisse place à la réexposition traditionnelle et la coda brillante. [...]" cité d'un texte publié dans un programme du site mediatheque.cite-musique.fr (qui n'est plus disponible en ligne).